Ce texte donne voix à trois femmes aux vies fondamentalement différentes mais aux destins tragiquement liés. L’Israélienne Eden Golan est une professeure renommée d’histoire juive âgée de 50 ans. Pacifiste, elle éprouve de l’empathie envers le peuple palestinien, jusqu’à ce qu’elle soit traumatisée par un attentat kamikaze auquel elle réchappe de justesse. Shirin Akhras est une étudiante palestinienne musulmane de 20 ans seulement. Elle décide de sacrifier sa vie pour son peuple en se portant volontaire comme kamikaze, mais avant de se faire exploser pour Allah, elle doit suivre une série d’épreuves pour tester sa volonté et la force de son âme. Mina Wilkinson, enfin, est une militaire américaine de 40 ans en mission sur le territoire israélo-palestinien. Les conflits entre Israéliens et Palestiniens sont devenus sa routine quotidienne. Elle les observe d’un œil souvent distrait, blasé, mais non dépourvu de perplexité sur le rôle qu’elle est censée tenir.
La construction du texte (un monologue à trois voix) est très pertinente pour évoquer le destin de trois femmes réunies sur un territoire commun pour des « causes » différentes. Il devient une partition chorale qui présente trois personnages à travers le corps et la voix d’une seule actrice pour accentuer leurs différences mais aussi leurs similitudes. La manière de traiter le sujet est percutante, bien rythmée et très bien construite. La psychologie des personnages est bien développée et ne verse pas dans le cliché.
Trois destins qui se croisent, livrant chacun sa partition, sans jamais céder au pathos ni au cliché sur le confit israélo-palestinien.
Le travail d’écriture et de construction dramaturgique qui progressent dans un jeu de miroir maîtrisé crée une tension dramatique et suscite un suspens qui tient jusqu’au bout.