Cette pièce est une tragédie contemporaine mettant en scène l’inexorable lutte d’une mère pour sauver la vie de son fils atteint d’un cancer dont le traitement médical s’avère onéreux. Ana ne peut pas payer. Elle décide alors de reprendre contact avec un dealer qu’elle a connu par le passé pour travailler comme mule et transporter de la drogue dans son propre corps. Prise dans une spirale infernale qui l’éloigne irrémédiablement de son fils et la conduit en prison, elle proclame son devoir de mère et se livre à une lutte contre la mort, au mépris de toutes les lois et de toutes les conventions sociales.
Figure aux antipodes de Médée, parangon de l’infanticide, Ana s’évertue à résister au destin pour préserver la vie de celui qu’elle a mis au monde. Par cet acte d’amour qui confine à la folie, elle affirme toute sa raison tragique et laisse entrevoir l’iniquité d’un monde qui soumet la fragilité de la vie aux lois du marché. Gabriel Calderón signe là sa pièce la plus intime mais aussi la plus politique. En mettant en scène ce combat au corps à corps avec la mort, il proclame une pulsion de vie d’autant plus universelle qu’elle est l’essence même de notre humanité.