L’essentiel du fonctionnement et la mise en œuvre d’une trentaine de traductions chaque année, sont rendus possibles grâce au soutien du Ministère de la Culture et de la Communication.
Tous les partenaires (théâtres, festivals, instituts…) avec lesquels la MAV réalise de nombreuses manifestations inscrites à son programme sont des sources de financement ponctuelles et aléatoires, mais vitales : elles permettent de traduire un plus grand nombre de pièces, de les éditer, de les mettre en lecture et de faire connaître leurs auteurs.
La marche de la Maison est assurée d’une part par l’activité bénévole des membres de l’association et de son conseil d’administration, et d’autre part par le travail salarié et le dévouement d’un directeur artistique : Laurent Muhleisen, traducteur d’allemand, d’une secrétaire générale : Clémence Bordier, d’un responsable d'administration : Aurélien Saunier.
Les comités linguistiques
Réunis par familles linguistiques, les traducteurs animent 25 comités littéraires qui se donnent pour mission de recueillir les informations, d’entrer en relation avec les auteurs et leurs éditeurs, de prendre connaissance des textes et de proposer un choix de pièces qu’ils jugent opportun de faire traduire, soit par eux-mêmes, soit par des traducteurs qui ne sont pas encore membres de l’association, qui le deviendront peut-être et dont la présence assure le renouveau des équipes. La plupart des langues européennes et nombre de langues d'autres continents sont représentées. Dans quelques cas, une seule personne maîtrisant une langue peu courante fait le trait d'union entre une dramaturgie nationale et la Maison Antoine Vitez. Son rôle est alors décisif pour la découverte d’un domaine théâtral peu diffusé et méconnu.
En profitant de toutes les occasions qui s’offrent, voyages organisés par les réseaux internationaux, conférences et colloques, et en effectuant des missions d’étude qui leur sont propres, les traducteurs, la secrétaire générale et le directeur artistique maintiennent à jour leur connaissance du répertoire dramatique et le fonds d’informations d’où va naître le programme de la Maison.
Durant l’année, les comités littéraires de la Maison se réunissent régulièrement pour faire circuler les dernières pièces découvertes et en choisir celles qui seront présentées en comité de lecture sous forme d’un dossier comportant au moins une vingtaine de pages traduites, une biographie de l’auteur et du traducteur, un résumé et une analyse dramaturgique de la pièce et le point de vue du traducteur sur l’œuvre. Ainsi, chaque année, le comité de lecture examine en moyenne 35 dossiers.
Le Comité de lecture
Après quelques années d’expérience, la direction de la Maison et le bureau de l’association ont éprouvé le besoin de rechercher aussi l’avis de metteurs en scène, d’animateurs de compagnies, de conseillers littéraires, de chercheurs universitaires… Réunis une fois par an en un comité de lecture composé d’une vingtaine de membres, ils choisissent parmi les propositions des comités littéraires, les pièces dont la traduction est d’une grande qualité et qui leur semblent les plus à même d’intéresser le public français : elles vont constituer le programme annuel des traductions prises en charge par la Maison. Ce comité de lecture est dirigé par Jean-Louis Besson, secrétaire de l’association. Michel Bataillon, Laurent Muhleisen – directeur artistique - et Christine Schmitt - secrétaire générale - y participent.
Une part de la subvention de fonctionnement consacrée à ce programme permet de financer environ une quinzaine d’aides à la traduction - fruits directs du travail de membres des comités littéraires et de l'arbitrage du Comité de lecture *. Lorsque la pièce est déjà inscrite dans les projets d’un théâtre d’une compagnie ou lorsqu'elle est au programme d'une manifestation soutenue par un organisme culturel (institut culturel étranger, festival...), l’aide à la traduction devient de fait une aide au projet. Grâce à ces deux formes d'aides, un total d'une trentaine de pièces sont ainsi traduites chaque année grâce à la Maison Antoine Vitez. Cependant, celle-ci n’est ni une banque ni un office de redistribution de subventions. Elle n’accorde une aide que lorsque l’œuvre soumise répond aux exigences littéraires et linguistiques des comités.
* Dans cette quinzaine d’aides que la Maison Antoine Vitez accorde à l’issue du comité de lecture, la majorité relève de propositions des comités littéraires, mais quelques-unes sont des propositions émanant de traducteurs extérieurs à la maison, validées au préalable par les comités littéraires.
Plus d'informations sur l'aide à la traduction
Élargissement du champ d’action des traducteurs
Une politique résolue de collaboration avec des partenaires nombreux et variés à l’occasion d’événements internationaux, ponctuels ou conduits sur plusieurs saisons, permet à la Maison Antoine Vitez de doubler sa capacité de production – sous forme d'aides à la manifestation – en partie grâce à des financements extérieurs, qu’il s’agisse de programmes de coopération, d’interventions directes d’instituts culturels étrangers ou de commandes passées par des théâtres et des festivals. Les membres des comités littéraires interviennent alors comme conseillers, comme traducteurs et parfois même comme "metteurs en espace".
C’est ainsi que la Maison Antoine Vitez peut afficher un bilan de plus de 1 300 pièces provenant de cinquante domaines dramaturgiques, traduites à son initiative depuis 1991.
Transmission et diffusion du répertoire
Par nature l’activité du traducteur n’est pas spectaculaire. L’aide qu’il reçoit lui permet de se consacrer à un texte et de travailler à plein temps en moyenne six semaines dans l’isolement et la concentration. Faire traduire et constituer en français un répertoire théâtral international conséquent et cohérent est la raison d’être de la Maison Antoine Vitez. C’est sa première tâche sans laquelle rien n’existerait et c’est aussi la face cachée de sa vie. Un peu plus chaque année, elle devient le partenaire de très nombreuses manifestations. Elle y intervient en exploitant le fonds de son répertoire ou en ouvrant de nouveaux chantiers de traduction.
Transmettre ce répertoire aux professionnels et aux amateurs, faire découvrir au public les combats avec la langue que livrent les traducteurs, créer pour eux des occasions de rencontre et de débat avec les artistes, metteurs en scène et acteurs, c’est la seconde étape du travail : elle est capitale. La Maison, traducteurs et collaborateurs salariés, y investissent beaucoup de temps, d’énergie et une part conséquente des moyens financiers dont elle dispose, car c’est une activité coûteuse, dispersée aux quatre coins du pays et, aujourd’hui de l’Europe et du monde. Les propositions et les demandes sont toujours plus nombreuses et la Maison Antoine Vitez doit veiller à l’équilibre de ses investissements, sinon la diffusion pourrait facilement prendre le pas sur le travail primordial de traduction.
Les traducteurs sont les premiers lecteurs des dramaturgies étrangères et souvent les découvreurs des œuvres. Aujourd’hui, ils participent à des lectures et des mises en espace, ils animent des ateliers destinés aux comédiens, organisent des rencontres et des séminaires entre auteurs et traducteurs, des confrontations entre traducteurs européens d’une même œuvre et son auteur… Ces échanges avec les interprètes et avec les spectateurs leurs sont nécessaires. C’est une façon pour eux de ne pas s’arrêter en chemin, de mener leur travail jusqu’à la réalisation de l’œuvre sur le plateau du théâtre.