Résumé
Au seuil de la désolation est une œuvre panoramique embrassant, en 9 parties, 900 ans d'histoire à travers le parcours d'un personnage, le joueur, errant parmi les morts comme parmi les vivants. Revisitant la légende de Konstantin et de Doruntine, Teki Dërvishi fait du Joueur un envoyé du royaume des morts chargé de ramener -comme dans la légende- sa sœur Doruntine à sa mère. Or rien ne se passe comme prévu. Si le texte prend appui sur la tradition de la parole donnée -la Besa-, c'est pour en montrer l'impossibilité.
Regard du traducteur
Condamné à une éternelle errance, "le Joueur" -ainsi que ses divers avatars- se dit "fatigué de répéter sa vie". Imprégné de mysticisme et d'ésotérisme, des transes des derviches comme de la symbolique des nombres, en particulier le chiffre 9, évocation des sphères et cercles de La Divine Comédie, Au seuil de la désolation se déroule en permanence sur un double plan : celui des monologues, récits poétiques du Joueur, et celui des dialogues entre des figures humaines souvent réduites à leur plus simple expression. Ce double espace de jeu suscite, sans aucun doute, un exercice passionnant pour tout metteur en scène et pour les comédiens, eux-mêmes en permanence confrontés à l'infinie démultiplication de leur(s) personnage(s).
Epopée liquidatrice, Au seuil de la désolation est le récit éternellement repris, des errances humaines entre Dieu et Diable, dont on ne sait lequel est l'avatar de l'autre, tant ils se ressemblent.