Avant la fin du monde

de Adnan Lugonić

Traduit du bosniaque par Karine Samardžija

Avec le soutien de la MAV

Écriture

  • Pays d'origine : Bosnie
  • Titre original : Neće biti smak svijeta
  • Date d'écriture : 2018
  • Date de traduction : 2019

La pièce

  • Genre : drame
  • Nombre d'actes et de scènes : Trois tableaux
  • Nombre de personnages :
    • 3 au total
    • 1 homme(s)
    • 2 femme(s)
  • Durée approximative : 70 mn
  • Création :
    • Période : 2018
    • Lieu : Théâtre national de Mostar (Bosnie-Herzégovine)
  • Domaine : protégé

Édition

Cette traduction n'est pas éditée mais vous pouvez la commander à la MAV

Résumé

Maša (Macha) vit seule avec son père atteint de la maladie d’Alzheimer, dont elle a la charge. Sans aucune ressource, elle n’a pas la possibilité de le placer. Elle se démène au quotidien avec ce père malade, retombé en enfance, et n’a d’autre choix que de faire des ménages pour survivre. Elle s’apprête à passer un entretien d’embauche pour une compagnie aérienne, sans grande conviction.

C’est alors que Nina, la sœur aînée, revient après dix ans d’absence et de silence. Elle est mère d’un petit garçon dont elle a perdu la garde. Elle n’a jamais pardonné à son père le suicide de leur mère. Elle va tenter de renouer les liens que les évènements avaient rompus, mais va se heurter au mutisme de Maša.

Regard du traducteur

Deux sœurs, une même génération née après la guerre et condamnée à la réalité d’un pays sinistré : Maša, assignée à résidence avec ce vieillard impotent qui lui parle d’autrefois, d’un système (yougoslave) qui aurait pu la protéger, alors qu’elle est confrontée au capitalisme débridé de la Bosnie d’aujourd’hui, et Nina qui, en fuyant un père violent, a reproduit le schéma familial auprès d’un homme qui la battait, et se retrouve au ban de la société.

Dans une langue sobre et poétique, Adnan Lugonić évoque les difficultés d’une société malade, les difficultés à vivre et à survivre, sans approche naturaliste, ni misérabilisme. Il pose également la question des violences conjugales, omniprésentes dans une société restée très patriarcale, et ce avec beaucoup de pudeur. À travers Nina, qui peine à exprimer la violence de ce qu’elle a vécu, mais aussi à travers le père et son fantasme d’un adultère qui n’a probablement jamais eu lieu, mais dont les coups ont poussé la mère au suicide.

C’est un texte violent, non pas dans ce qu’il montre, mais dans ce qu’il donne à entendre. Car la violence du monde, ici, n’est jamais représentée, on ne la voit pas, elle est contenue dans le récit entre le père et ses filles. Elle est pourtant ressentie comme très physique. L’économie de mots empêche les personnages de tomber dans l’affect. C’est dans cette langue économe, juste, affinée, que résident tous les enjeux scéniques de ce texte, qui requiert un jeu subtil. La dimension scénique est inscrite dans la langue et les situations dramatiques qu’il pose.