Deux sœurs sont confrontées à la mort de leur mère, qu’elles ont peu connue.
La cadette, psychologue de profession, semble mieux armée, et décide de se rendre à l’hôpital afin de prendre en charge les dernières formalités administratives.
L’Aînée, plus fragile, est incapable de surmonter cette disparition. Rongée par l’amertume, alcoolique, elle assume mal un divorce qu’elle a pourtant souhaité. Son ex-mari tente de la soutenir, mais le dialogue semble définitivement rompu. Cette lente dissolution de la cellule familiale se joue autour de la chambre de David, le fils, qui s’y est enfermé depuis deux jours. Cet espace inquiétant cristallise toutes les tensions du couple.
Deux fils rouges dans ce texte : les deux sœurs qui portent les fractures et les manques au sein d’une même famille, et la tragédie de David, adolescent qui découvre son homosexualité. Si l’histoire des deux sœurs semble au premier plan, c’est pourtant bien celle de David qui porte l’intrigue et qui, avec beaucoup de pudeur et de manière très subtile, pose la question de l’homosexualité dans un pays ultra-catholique et conservateur. Pour autant, aucune référence à la Croatie dans ce drame de l’intime, qui en ceci a une dimension très universelle.
Les personnages sont désignés par leur place dans le schéma familial, ou dans leur fonction emblématique (L’Humanitaire, l’Infirmier, mais surtout Ikebana, art japonais de la composition florale, personnage qui par sa présence discrète porte tous les petits arrangements de chacun avec ce qu’il est). David, dont l’absence résonne et pèse sur le plateau, est le seul à être désigné par son nom.
Le texte dit la difficulté des rapports à l’autre (les deux sœurs) et du rapport à soi (David), et tous les personnages sont dans l’incapacité de dire. Faute d’être clairement adressée, la parole est toujours mal reçue. Tous les personnages se demandent s’ils ont réussi à être ce qu’ils sont, et se trouvent confrontés à un choix : obéir aux conventions sociales au risque de subir plus que de vivre, ou assumer ce qu’ils sont.