Une maison de retraite, de nos jours. Tout commence par l'arrivée de Kekez, un médecin à la retraite, et les répercussions qu'elle aura sur Branko et Mila, deux autres résidents, ainsi que sur Suzanne, leur thérapeute. L'effronterie du nouveau venu sera un vecteur de libération de la parole des autres personnages et fera se fissurer les postures communément admises de chacun. Nos trois résidents vont se lancer dans un triangle amoureux, bien éloigné de la vie tranquille qu'ils pensaient trouver en allant dans ce foyer.
Mila est venue goûter à sa liberté de "jeune" divorcée. Branko ne sait plus lui-même pourquoi il est venu. Il se plaint régulièrement de ses voisins de chambre à Suzanne, dont la vie privée s'écroule. L'arrivée de Kekez amènera chacun à s'interroger sur la façon dont il vit et dont il aime.
Comment va la vie est un texte sur l'amour et l'amitié, qui parle de nous, de ce que nous sommes et de ce que nous pourrions être si nous acceptions les imperfections et le caractère éphémère de la vie.
Nina Mitrovic a choisi de nous plonger dans l'univers d'une maison de retraite et de suivre le quotidien de trois résidents et de Suzanne, leur thérapeute, jeune femme dans la quarantaine. L'auteure traite des maux qui accompagnent la vieillesse : la résignation, l'abandon, la maladie, la dépression, la démence, le renoncement. Mais, si elle nous parle de ces maux, c'est pour mettre en exergue l'élan de vie qui pousse Mila, Branko et Kekez à ne pas accepter ce que la société attend d'eux, en tant que vieux.
Dans Comment va la vie, Nina Mitrović nous montre la fausse résignation de Branko, la volonté de jouissance de Kekez et la liberté retrouvée de Mila. Pas de vieux grabataires ici, mais des individus bien vivants qui n'ont pas fini d'en découdre avec la vie et son lot de rencontres, de secrets et de passions.
Ce texte a un réel intérêt à être monté en France aujourd'hui alors que s'ouvre le débat sur l'isolement des personnes âgées et le traitement qui leur est réservé en maisons de retraite. Lorsque, dans Prohibition, Brigitte Fontaine écrit que "les vieux sont jetés aux orties, à l'asile, au château d'oubli", les personnages de Comment va la vie font écho à la révolte de la chanteuse quand elle conclut en disant : "J'ai d'autres projets vous voyez / Je vais baiser, boire et fumer. (...) Je suis vieille, sans foi ni loi / Si je meurs, ce sera de joie."
C'est ainsi que Nina Mitrović ne laisse jamais de place au pathos et sait parler de situations banales en leur apportant un sens réel et beaucoup d'humour.