Résumé
Impudique et imprévisible, provocatrice et sans morale, Zozo est surtout fragile et instable. Une "sans domicile fixe" qui hante les trains, avec une obsession pathologique de l'amour maternel qui cache mal des frustrations et des blessures précoces.
La pièce est construite sur plusieurs flash-back, la fin reprenant le commencement, avec un changement d'angle de la "prise de vue". Si, au début, on a -objectivement parlant- une scène où l'héroïne subit un acte sexuel, imposé ou consenti, à la fin, le même acte est perçu du point de vue de l'héroïne, qui le vit comme un meurtre libérateur. On compte ici les coups de poignard. Aux yeux d'une société hostile et obtuse, Zozo est sans doute folle et définitivement marginale, mais cette position décentrée lui permet en réalité le seul regard humain possible sur un monde insensible et mesquin.
Regard du traducteur
Compte à rebours fut commencé pendant l'été 1999, en Allemagne, durant un séjour à l'Académie Internationale de théâtre de la Ruhr et achevé l'année suivante, lors des rencontres des nouvelles écritures dramatiques de Roumanie.
Héroïne centrale de Compte à rebours, Zozo naquit en tant que personnage dans d'autres courts écrits de l'auteur : la pièce s'est organisée par la suite, autour de ce personnage fort et séduisant, comme un appel de faits, d'explication. On a l'impression que l'auteur, après avoir surpris Zozo dans tout son pittoresque inconvenant, a essayé de mieux la cerner, de rendre visible et supportable la face cachée de la provocation. Une jeune paumée, délurée, qui déroute et scandalise parce qu'elle ne respecte aucune convention, aucun tabou.
L'écriture est directe, rapide, sans fioriture, presque un découpage cinématographique, des espaces étroits taillés dans l'obscurité et la promiscuité d'un train de nuit ou de quelques intérieurs petits-bourgeois. Dans ces conditions-là, l'humour est noir et décapant, forcément décapant.