Un couple en manque d’argent décide de répondre à l’appel lancé par un centre de recherche scientifique. Le centre propose aux volontaires, contre rémunération financière, de participer à un projet visant à améliorer le bien-être et la santé mentale de la société. Le couple est d’autant plus intéressé que le mari se pense atteint d’une maladie le condamnant à devenir fou, comme son père, à l’âge de 40 ans. Les examens et entretiens médicaux commencent, mettant le couple et leur famille sous tension. Le mari rencontre aussi des difficultés à son travail, depuis qu'un chien très rare, dont il avait la garde, s'est échappé. Le climat qui règne dans la ville n’aide pas à gagner en sérénité non plus : des manifestations s’organisent un peu partout dans les rues, symptomatiques d’un mécontentement généralisé. Il s’avèrera que le centre médical n’est en fait qu’un service de renseignements de l’Etat pour surveiller la population et détecter les chefs de file de l’agitation sociale qui gronde. Le couple finit par comprendre qu’il est tombé dans un piège, et qu’il est soupçonné de faire partie des meneurs de la protestation ! Il décide alors de prendre au mot tous les indics, tous les agents des services secrets qui les ont espionnés au cours de la recherche, en endossant pleinement le rôle de leaders des troubles : ils rejoignent les rangs des contestataires, en sifflant avec force l’appel à la révolte.
Un homme, soigneur de chiens, est tourmenté par l’idée qu’il porte en lui un gène le condamnant à devenir fou et à être interné, comme son père. Persuadé que ce scénario est celui qui dictera sa vie, il voue une rancœur tenace à sa mère, pour l’avoir fait naître, et a fait promettre à son épouse qu’ils n’auront pas d’enfants. Néanmoins, poussé par sa femme, et par le manque d'argent, il accepte de participer à un programme d’expérimentation médicale rémunéré. Le couple nourrit le vague espoir d’un mieux-être, voire de la découverte d’un traitement, pour lui.
Au fil des consultations, il devient toutefois assez vite difficile de tracer la frontière entre simulation de la folie et folie véritable, de déterminer le faux du vrai : l'homme feint-il la démence, ou bien est-elle déjà vraiment en train de le gagner ? Le docteur du centre de recherches est lui aussi déconcertant, n’existant qu’à l’état de voix off délivrant des prescriptions des plus étranges, et se livrant à des entretiens de plus en plus intrusifs. Qui croire et que croire ?
Le doute s’installe, d’autant plus délicat à lever que ce qui se déroule sous nos yeux pose question : certaines scènes sont-elles de l’ordre du mauvais rêve, de l’hallucination, ou bien d’une réalité proprement cauchemardesque ?
L’histoire fait ainsi jouer les tensions entre mensonge et vérité, folie et raison, réel et imaginaire.
La femme est également tracassée par diverses problématiques. Elle se sent captive du contrat marital lui interdisant d’avoir des enfants : les deux avortements qu’elle a déjà subis l’ont trop lourdement éprouvée pour en supporter davantage. Mais elle est, en parallèle, prise au piège d’une société inégalitaire où la prédation sexuelle la cerne de toutes parts, et la soumet à une insécurité permanente. Dès lors, quels choix opérer entre enfermement et désir d’émancipation, obéissance et rébellion ?
Les préoccupations des protagonistes se frottent, se confrontent, mettant à l’épreuve les relations entre époux, entre patients et soignants, et débordant sur le cercle familial. Les rapports de force avec les figures parentales soulèvent la question de la transmission, de l’hérédité, faisant jouer la dynamique entre secret bien gardé et révélation. Tous ces échanges à vif font monter la pression, et semblent faire écho à l’ambiance électrique qui règne au-dehors : la ville est en effet secouée par une agitation sociale et politique, que les autorités s’emploient à maîtriser par un service d’ordre musclé et une surveillance de tous les instants.
A quoi va aboutir cette intrigue sous haute tension ? La révélation d’un jeu de dupes multiscalaire mettra le feu aux poudres…
On l’aura compris, c’est à une pièce intranquille et enfiévrée que nous convie Hossein Rajabian. Il nous y rappelle les misères et splendeurs de notre humaine condition, embarquée sur La Nef des Fous qui navigue en tanguant entre rire et effroi.