Effondrement se présente, et c'est une de ses singularités, sous la forme d'un monologue à plusieurs voix. Le protagoniste, Domingo, a tué sa femme à coup de couteau. Et la pièce de nous proposer une plongée saisissante dans l'esprit torturé de ce tueur schizophrène. Véritable cobaye, en train de courir fiévreusement dans les méandres labyrinthiques de sa pensée, passant constamment devant la porte de sortie, à savoir ici, la reconnaissance du crime, sans jamais l'emprunter. La personnalité de notre héros est en morceaux et le texte décrit le recollage de ces morceaux, l'affrontement de Domingo avec tous ses doubles en vue d'une éventuelle recomposition de cette personnalité détruite.
Effondrement serait le développement ou la transposition d'un moment littéraire connu de tous : Woyzeck achète le couteau pour tuer Maria. Mais d'autres thèmes s'y greffent, d'autres références littéraires, Devant la loi de Kafka, L'homme au sable de Hoffmann, L'araignée de Hans Heinz Ewers, William Wilson de Poe, et encore d'autres, heureusement presque invisibles et indécelables. Effondrement propose une descente intrigante dans un univers pervers, malsain et en même temps comique, proche d'un David Lynch.