Avec sa dimension historique : je n'ai aucune prétention à faire une Eleonora historiquement juste… Ne pas céder le pouvoir : pour Eleonora c'est le point vital. C'est vraiment le choix entre la vie et
Ainsi parlait Giuseppe Dessi de sa pièce.
On perçoit là toutes les profondes et très complexes dimensions de cette pièce. On est dans l'épopée, dans un drame où s'opposent les grandeurs de la cour d'Aragon (ses ors, ses manigances et ses arrogances) et l'immense modestie de la misère du peuple sarde. Eleonora doit choisir entre les deux : être en paix et vassale d'Aragon ou en passer par la guerre pour assurer l'indépendance de
Il s'agit d'un "récit dramatique" (et plus spécialement, d'un "récit dramatique d'inspiration lyrico-épique"), un genre théâtral complexe, propre à Dessi, où les personnages sont nombreux, où interviennent des personnages collectifs et où le lieu scénique demande une certaine ampleur (on songe à Brecht, Piscator ou à Planchon) ; bref, ce n'est pas du théâtre intimiste. Bien au contraire, c'est une pièce polyphonique qui en appelle aux plus profonds mouvements de l'âme individuelle et collective et à la relation de va et vient qui s'opère entre les deux.
C'est aussi une véritable tragédie, proche de la tragédie antique, mais d'une modernité étonnante. On dirait un opéra parlé ou un immense film. Et pourtant, dans son écriture, il s'agit bien d'une pièce de théâtre.
Dès lors, et à mon sens, c'est un grand texte et c'est surtout une œuvre qui touche à de grands thèmes : Quid de l'occupation d'un petit pays par une grande puissance ? Quid du rapport entre le peuple et l'Etat ? Quid d'une nation, fondée sur une culture, des langues, un territoire ? Quid également de la place des femmes, de la femme et de son rôle moteur dans la société ? Quid de la peste ? Et de la mort quand elle rôde partout ? Quid aussi du pouvoir et du sens qu'il peut y avoir à le prendre, à le maintenir, à le garder ?