Howard Barker, très injustement méconnu en France, est l'une des voix les plus originales et les plus fécondes du théâtre anglais contemporain. Son théâtre, viscéral, dérangeant, révoltant parfois, se définit par l'auteur lui-même comme un "théâtre de la catastrophe" en contrepoint du "théâtre de la cruauté" d'Antonin Artaud. Auteur inclassable d'une œuvre impressionnante (plus de cinquante pièces), il est aussi peintre, scénariste et poète.
Tableau d'une exécution, 1985, traduit de l'anglais par Jean-Michel Déprats
La République de Venise passe commande d'un tableau commémorant la bataille de Lépante à Galactia, femme renommmée pour être le grand peintre du moment. Au lieu de peindre la gloire de la Sérénissime, elle peint la vérité : un affreux massacre. Le doge choqué repasse commande à un autre peintre plus académique et envoie Galactia au plus profond des "plombs". Le tableau divise l'aristocratie mais le clan des connaisseurs, l'emporte : si on veut récupérer l'auteur, on peut, pour la gloire de Venise, "récupérer" le chef d'œuvre . Le doge s'incline, le tableau est exposé à l'admiration du peuple et Galactia est libérée.
Les Possibilités, 1987, traduit de l'anglais par Sarah Hirschmuller et Sinéad Rushe
Cette pièce met en scène un monde toujours en crise, toujours en guerre et des personnages au delà du bien et du mal. Le spectateur éprouve, selon Barker, une "authentique angoisse morale". Désorienté, il se retrouve seul devant la douleur et "ce qui s'est passé, ça n'existe pas... Il n'y a que des visions de ce qui s'est passé", que des "possibilités".