Idoménée raconte le retour du roi crétois dans son île après dix années de guerre et l'accueil réservé par son peuple et son épouse. Pour regagner ses côtes, il promet en échange d'un vent favorable de sacrifier le premier être vivant qui viendra à sa rencontre. Son fils Idamantes. Pourra-t-il échapper à la prophétie funeste ? A partir de ce canevas mythologique bien connu, Schimmelpfennig explore mille variations possibles. Cette pièce repose sur une grande sobriété poétique, une économie de mots avec un maximum d'effets sonores et musicaux (répétitions allant de simples mots à des séquences toutes entières) : elle « vit de son propre langage » selon une expression de l’auteur. Dans cette forme faite de bribes d'énoncés, de phrases tronquées et de vers hachés, des voix s’élèvent de toute part et se font écho. Des voix d' « hommes » et de « femmes », isolés ou regroupés, un cortège d’anonymes qui commentent les épisodes ou prêtent leur voix aux personnages du drame. Mais Idoménée est avant tout une pièce éminemment politique, qui raconte le retour de guerre, ses victimes et les crimes non expiés, avec une virulence digne de l’épopée antique. Schimmelpfennig se ressaisit du matériau de la guerre de Troie, des épisodes homériques ou de souvenirs des métamorphoses, pour brosser un portrait sanglant de l’âme humaine, sous des allures de poème dramatique épuré.