J’appelle mes frères

de Jonas Hassen Khemiri

Traduit du suédois par Marianne Ségol

Avec le soutien de la MAV

Écriture

  • Pays d'origine : Suède
  • Titre original : Jag ringer mina bröder
  • Date d'écriture : 2012
  • Date de traduction : 2013

La pièce

  • Genre : tout public
  • Nombre d'actes et de scènes : 11 scènes
  • Décors : non précisé
  • Nombre de personnages :
    • 4 au total
    • 2 homme(s)
    • 2 femme(s)
  • Durée approximative : 1h30
  • Création :
    • Période : 2013
    • Lieu : Théâtre de la Ville. Malmö, Suède.
  • Domaine : protégé. Agent : Colombine teaterförlag.

Édition

Résumé

Un acte terroriste a eu lieu : une voiture piégée a explosé en plein centre, semant un vent de panique dans la ville. Shavi puis Valeria puis Ahlem puis Tyra téléphonent à Amor pour lui faire des recommandations. Mais lesquelles ? Doit-il faire profil bas afin de ne pas se distinguer des autres ? Doit-il essayer de se fondre dans la masse ? Ou au contraire, vaut-il mieux manifester sa présence et être « visible » ?
Amor évolue dans un paysage menaçant contaminé par la paranoïa tout en essayant d’agir normalement. Mais qu’est-ce qu’un comportement normal ? Comment gérer sa peur et maintenir ses pensées et ses opinions à l’écart des préjugés ? Quelle attitude adopter quand les autres nous regardent d’un œil suspicieux? Qui est un coupable potentiel ? Eux ? Moi ? Nous ?

Regard du traducteur

J’appelle mes frères est une pièce jouant avec les préjugés envers les autres et envers nous-mêmes. Ici, comme souvent chez Khemiri, la représentation des immigrés et des étrangers est au cœur de la pièce. Au fur et à mesure que le personnage central évolue dans un paysage urbain, l’arrière-plan politique d’une société se dessine et révèle son racisme et sa peur de l’étranger. Comme vus à travers un kaléidoscope, les personnages changent d’identité, se croisent, se mêlent. La multiplicité des appartenances et des identités culturelles et cultuelles sème bientôt le doute. Les apparences sont toujours trompeuses. Une tâche quotidienne finit en interpellation musclée de la police. Un banal signe de la main se transforme en menace de mort. Un coup de fil devient un message de l’Autre Camp. Je deviens Tu qui devient Nous.
L’auteur nous embarque dans un univers singulier et claustrophobe où un personnage est happé par la suspicion ambiante. Une guerre a été déclarée. Mais pas comme nous l’entendons. Ici, la guerre s’est introduite dans la tête des gens et s’exprime sous forme de peur. Et lorsque cette peur s’est installée, les avions deviennent des missiles, les sacs à dos deviennent des bombes et tous les barbus deviennent des ennemis potentiels.
Jonas Hassen Khemiri écrit dans une langue originale et nuancée « faite maison ». Son suédois délibérément approximatif s’inspire du langage des banlieues, de l’arabe et des jeux de mots. Le résultat est une langue pluriculturelle à la fois drôle, poétique et métaphorique. La langue et les scènes courtes imposent un rythme soutenu aux 4 comédiens qui interprètent les 13 personnages. Ceux-ci se dédoublent, changent d’identité, brisant la linéarité et l’espace-temps et installant une réalité imaginaire. Progressivement, la comédie devient plus grinçante. Les clichés et les malentendus autour de l’Autre laissent place à la réalité et à la solitude de l’être humain. Et si l’autre, c’était moi ?