La Planète indécente (Charles Fourier)

de Renzo Rosso

Traduit de l'italien par Marie-France Sidet

Écriture

  • Pays d'origine : Italie
  • Titre original : Il Pianeta indecente (Charles Fourier)
  • Date d'écriture : 1983
  • Date de traduction : 1991

La pièce

  • Genre : Historique et philosophique : Charles Fourier, épisodes de sa vie, présentation de ses théories et discussions avec ses disciples.
  • Nombre d'actes et de scènes : 2 actes, 19 scènes
  • Décors : Différent selon époque et lieux : une mansarde envahie par des plantes vertes, une chambre d’hôtel, un bordel, des rues de Paris, une maison bourgeoise à Besançon , une cellule de prison…
  • Nombre de personnages :
    • 30 au total
    • 13 homme(s)
    • 17 femme(s)
  • Durée approximative : 1h30 / 2h
  • Création :
    • Période : 1984
    • Lieu : Politeama Rossetti de Turin et au Teatro Stabile de Trieste
  • Domaine : protégé : Renzo Rosso : r.rosso@tiscali.it

Édition

Cette traduction n'est pas éditée mais vous pouvez la commander à la MAV

Résumé

La pièce s’ouvre sur un Fourier vieillissant, qui se consume, seul et incompris, dans une mansarde envahie par les plantes et les livres. Chaque scène qui suit  représente un moment de sa vie, à la manière d’une allégorie, de la mort de son père à sa propre mort, en passant par ses rencontres avec diverses prostituées, des discussions avec ses disciples ou avec Brillat-Savarin. Pour commencer, il y a sa famille, des bourgeois aisés de Besançon : le père, vulgaire et brutal, qui incarne le côté autoritaire et répressif de la société, la mère, soumise, adorée par son fils, pleine de regrets et de désirs frustrés. Puis il y a Paris où dans les recoins sombres se déchaîne la violence charnelle. Les prostituées mettent Charles Fourier sur la voie d’une harmonie universelle, où les désirs ne seront pas subordonnés aux rapports de classe, de propriété, d’emprise, mais à l’amour et au plaisir également  partagé. Si les adeptes de la première heure (Victor Considérant, Sophie Bazaine, Charles Pellarin etc.) embrassent avec ferveur sa conception d’une société communautaire –le phalanstère- où les biens sont mis en commun, où les tâches, constamment diversifiées, libèrent l’homme au lieu de l’asservir, en revanche,  ils n’ acceptent pas l’idée de l’orgie fouriériste, qu’ils jugent obscène, au nom de la décence (valeur petite bourgeoise dont ils n’arrivent pas à faire fi). Mais l’indécence, déclare Fourier, réside au contraire dans la répression des passions qui « nous font vivre et être », c’est « l’Histoire de cette planète indécente » qu’est la nôtre.. Isolé par cette théorie que ses propres disciples lui conseillent de brûler, il ne lui reste plus qu’à soliloquer, son chat Saint-Simon sur les genoux, et à attendre la mort. Il meurt en effet, la tête entre les jambes de la prostituée Louise, écho de la scène 2 de l’acte I, où Fourier se blottissait sous les jupes de sa mère.

Regard du traducteur

La pièce multiplie les soliloques poétiques qui renvoient souvent à des images de dégradation et de mort. Le plaisir de la chair, la jouissance sans entraves, ne sont qu’un des aspects de la mort, ou plutôt, sa fin la plus digne. Il semblerait que cette planète indécente ce soit notre époque, notre univers capitaliste marchand, où l’utopie, aussi belle soit-elle, ne peut être livrée que sous la forme d’une élucubration, prophétique soit, mais qui reste une vue de l’esprit.

Fourier enfant, Fourier adulte, le temps de l’inconscient, celui de l’événement. Le Régisseur-lecteur moderne intervient et participe, tel un témoin, mais un témoin qui pourrait aussi bien être le double de Fourier que l’image du metteur en scène démiurge ou de l’auteur. Il y a donc plusieurs dimensions à l’intérieur du récit, qui en font une réflexion sur la liberté et la marginalité.