La Première Fois est une histoire de seconde chance.
Une jeune femme se réveille à l’hôpital. Autour d’elle, des machines qui font de drôles de bruits, des tubes qui vont dans tous les sens et, assise à côté de son lit, une dame qu’elle ne connaît pas. Petit à petit le récit, qui commence assez lentement, s’accélère et nous apprend que la jeune femme a été victime d’un accident, qu’elle a passé une année dans le coma dont elle se réveille en ayant perdu la mémoire. Amnésique. Plus aucun souvenir… Un réveil qui ressemble à une nouvelle naissance.
La dame assise à côté du lit se révèle être sa grand-mère. Celle-ci va aider sa petite-fille à tout réapprendre et à retrouver petit à petit son autonomie, mais sans trop lui dévoiler son passé. Car ce sont précisément les souvenirs effacés qui lui offrent une seconde chance de tout revivre comme si c’était la première fois.
Un monologue composé, tel un patchwork, de bribes d’histoires que l’autrice a recueillies auprès d’une quarantaine de personnes qui lui ont raconté des souvenirs d’une « première fois » ou de moments de basculement dans leur vie. Elle en distille avec subtilité un texte qui donne juste assez d’informations pour saisir clairement le déroulé, sans être trop explicite, sans digresser inutilement.
Elle brosse un tableau impressionniste avec en toile de fond une tragédie qui, par la grâce de l’amour, permet à une fleur en train de se faner de refleurir in extremis et de s’épanouir dans toute sa beauté et toute sa force. Impressionniste, parce que raconté par petites touches de couleurs qui se fondent harmonieusement les unes dans les autres, parce que beaucoup de place est laissée à l’imagination et que l’image devient de plus en plus nette à mesure qu’on prend du recul, parce que chacun et chacune aura l’impression de reconnaître des situations, des scènes, des anecdotes quelque peu familières ou évocatrices. Et parce que les deux protagonistes sont des femmes solaires, même si elles ont connu des éclipses.
Une allégorie de la seconde chance qui nous rappelle à quel point une existence peut basculer dans n’importe quel sens, en fonction des circonstances, du contexte, du moment, de l’entourage, du hasard ou de la providence. Et à quel point saisir une seconde chance, quand elle nous est offerte, peut contredire tout ce qui semblait inéluctable et révéler la lumière derrière les ténèbres.