Inspirée d'un fait réel de l'histoire mexicaine (l'assassinat du général président Alvaro Obregon par un jeune catholique le 17 juillet 1928 au restaurant "La Bombilla" à Mexico), la pièce s'attache à reconstituer dans une perspective "documentaire" très singulière (à la fois minutieuse et burlesque) les péripéties qui précédent cet attentat (acte 1), la préparation et l'exécution de l'attentat (acte 2) et le procès qui suit celui-ci (acte 3). Il importe peu ici de résumer l'anecdote de la pièce, qui n'est au fond qu'un prétexte à porter un regard à la fois pessimiste et distancié sur le pouvoir (sa conquête, son exercice, sa police, sa justice) et sur l'Histoire (en tant que moteur sans mémoire dont les individus sont les jouets). Ce point de vue fortement affirmé s'appuie sur une forme de théâtralité qui est aussi une interrogation sur le théâtre en tant que mode de représentation de la réalité : à la farce (puisqu'il s'agit de rejouer l'Histoire) se superpose un reportage mené dans une esthétique contemporaine aux faits évoqués (projection de photographies d'époque, intertitres de cinéma muet). La dramaturgie de cette pièce la situe quelque part entre le théâtre épique brechtien (Arturo Ui, par exemple) et l'autosacramental calderonien (laïcisé, bien entendu).