Un "Héros" est au lit. Sa chambre est également une rue. Des personnages, venus de différentes époques de sa vie, passent : ses parents, un professeur, son oncle, un mineur, un paysan, un Chœur de Vieillards. Le héros a sept ans, quarante ans, ainsi que les ‚ges intermédiaires. C'est un ancien résistant, un élève qui passe son baccalauréat, le vice-directeur de l'Opérette d'Etat. La pièce, à travers un collage de fragments, montre l'aliénation et la désagrégation de la personnalité de l'homme moderne, qui a subi le traumatisme de la guerre et de la terreur politique du communisme...
Cette pièce fonctionne comme la matrice de la dramaturgie moderne polonaise, du fait de sa technique de "collage" et de sa visée : montrer le désarroi existentiel et métaphysique de "l'homme moderne".
Elle ne concerne donc pas seulement la génération de la guerre et du "socialisme réel", mais l'homme produit de la civilisation occidentale, composé des éléments hétérogènes de ses rôles sociaux, historiques, existentiels, qu'il n'est pas possible de rassembler en une synthèse.
Le très grand succès que connaissent, de nouveau, les pièces de RÛżewicz depuis une dizaine d'années, non seulement en Pologne mais un peu partout dans le monde, confirme le fait qu'au-delà de son étiquette de représentant polonais du théâtre de l'absurde, son œuvre tend au public un miroir de sa condition.
Le nombre de personnages peut être réduit à une douzaine, et la pièce peut être aisément actualisée (comme l'auteur l'a fait il y a quelques années en proposant une nouvelle version de la pièce intitulée "Le fichier éparpillé", qui inclut des éléments supplémentaires, par ex. un marché médical avec vente d'organes).