La pièce s’inspire d’événements réels qui se sont produits durant la guerre syrienne : l’assaut par l’armée du régime syrien de la ville de Deir Ezzor et le massacre des civils qui s’en est suivi.
L'assaut de l'armée est imminent. Des activistes – des civiles retranchés dans une ville assiégée – se retrouvent tantôt dans une chambre / laboratoire de photo, tantôt à leurs postes de surveillance. Ils attendent, réfléchissent sur leur mort inéluctable et tentent de bloquer l’avancement des militaires en collaborant avec les membres de l’opposition (la rébellion). L’assaut est vécu à travers les communications radiophoniques qu’ils utilisent pour communiquer entre eux, et via un écran de projection sur lequel on voit leurs positions. La pièce commence la veille de l'assaut et se termine avec la scène du Mur (titre de la pièce) qui représente l’exécution des civils. On y voit les militaires devenir progressivement des animaux et perdre l’usage du langage humain pour commettre un acte cruel…
Pour écrire cette pièce, Hatem Hadawy s’est inspiré d’événements qu’il a lui-même vécus durant le massacre de Deir Ezzor (Syrie) en 2012, qui a causé la mort de centaines de personnes dans des conditions atroces. L’auteur réussit pourtant à maintenir la distance nécessaire pour transformer ces faits terribles en fiction dramatique. Ces personnages (les quatre principaux protagonistes) représentent, chacun à sa manière, des êtres ballottés, rattrapés par l’Histoire, et devant faire face à ce qu’aucun être n’est préparé à affronter : une mort inéluctable.
La pièce commence quelques jours avant l’assaut des militaires. L’attente, l’angoisse et la perte des repères spatio-temporelles sont brillamment rendues dans des dialogues et des monologues intérieurs mêlant l’absurde à la poésie. Avec tendresse, humour et beaucoup d'humanité, les petites choses du quotidien prennent une autre ampleur, les souvenirs resurgissent et se mêlent à l’incompréhension du présent.
Par ailleurs, les décors - notamment la pièce avec des trous en forme d'yeux humains servant à surveiller l’avancée des miliciens à l’extérieur -, l’écran de projection où sont positionnés les rebelles tentant dans un geste désespéré de bloquer l’avancée des forces armées, ou encore l’usage de la messagerie radio codée, sont autant d’éléments qui prennent corps avec l’intrigue et participent à l’intensité dramatique.
Enfin, plus la mort approche, plus la langue elle-même disparaît : celle des tueurs devenant un langage animalier indéchiffrable et celle des messageries de transmission radio devenant de plus en plus minimaliste et codée. L’auteur pose ainsi concrètement la question de la limite du langage, et par là même de l’art, pour décrire l’indicible.