Résumé
Trois histoires liées par le thème du cannibalisme. Dans la première, une jeune femme et son mari parlent d'un événement qui les amena au poste de police pour qu'elle porte plainte contre lui pour violences conjugales. Le mari semble véritablement touché, regrette cet accès de violence. La jeune femme a la main bandée, l'homme porte dans sa poche la preuve de son acte (l'auriculaire de sa femme). Ceux-ci racontent alors qu'il aurait été arraché pendant qu'ils faisaient l'amour. Dans la deuxième, un terrain vague, utilisé comme dépôt d'ordures, est le lieu de rencontre d'un homme d'affaire et d'un misérable mendiant. L'homme décrit romantiquement leur première rencontre et raconte comment il en est venu à aimer celui qui n'est plus que crasse, odeurs pestilentielles, excréments. Ce laissé pour compte de la société va devoir céder à la tyrannie amoureuse de cet homme de pouvoir en lui offrant à chaque repas, une partie de son corps décrépit.. Dans la troisième, un homme blanc est le témoin des derniers jours de vie d'un indien d'Amazonie. Il l'accompagne jusqu'à la mort non sans espérer quelque chose en retour. L'indien appartient à une tribu en voie d'extinction et l'homme, muni d'un magnétophone, veut capter la mémoire de ce peuple disparu. Chaque jour l'indien lui livre, par bribes, l'histoire de sa tribu Araweté. L'indien, lui aussi, espère être récompensé de ce geste et demande à l'homme d'accomplir les rites sacrés de son peuple, à savoir, après sa mort, manger son corps durant un jour et une nuit.
Regard du traducteur
Newton Moreno, dans une langue poétique et crue à la fois, nous entraîne dans un voyage vertigineux. Le spectateur est confronté à un sentiment ambigu vis à vis des trois histoires, fait d'un mélange d'attirance et de répulsion. Véritable plume de la Nouvelle Dramaturgie Brésilienne, artiste engagé, habitué de la thématique homosexuelle, son théâtre représente la force et la beauté de la langue portugaise mariées au chaos qui règne dans ce pays immense, peuplé lui-même par des "accents multiples". Selon le souhait de l'auteur, le metteur en scène peut se sentir libre d'inverser l'ordre des trois histoires. Il considère son écriture comme de la matière mouvante et voudrait qu'elle soit totalement à l'écoute des besoins du plateau.