Au cours d'une permission, le soldat Tanaka est reçu comme un roi par sa famille, des cultivateurs de riz squelettiques et couverts de haillons. Son camarade Wada, venu pour demander la main de Yoshiko, la sœur de Tanaka, apprend qu'"elle est à la montagne chez des paysans". – Tanaka accompagne quelques camarades au bordel. Il y retrouve sa sœur qui lui révèle qu'elle a été vendue par ses parents, criblés de dettes. Pour la soustraire à cette déchéance, il la poignarde et tue le sous – officier à qui on lui demandait de la céder. – Devant la cour martiale, Tanaka pourrait obtenir la grâce, à condition de la demander à l'Empereur. "C'est l'Empereur qui doit me demander pardon!" Dans un discours, Tanaka accuse le système militariste totalitaire qui dépouille les pauvres pour la gloire de l'Empereur et de l'armée. Il est exécuté.
"C'est un Wozzeck achevé – c'est davantage que Wozzeck. Car je n'aurais pas écrit cette œuvre, s'il n'y avait pas un plus. Je ne le pourrais pas, par respect pour Büchner. (Lettre de l'auteur à Cäsar v. Arx du 9 novembre 1939).
"Tanaka fait, comme Wozzeck, l'expérience du mépris que les puissants ont pour l'être humain. Mais – et c'est en cela que Tanaka dépasse Wozzeck – il y a chez lui un prise de conscience qui le conduit à analyser, puis à mettre en accusation ce système qui exploite les plus pauvres et avilit les hommes. Les femmes, Yoshiko et les autres malheureuses qui ont abouti au bordel, sont, elles aussi, entièrement dépossédées de leur personnalité. Pour que l'accusation porte, Tanaka doit, contrairement à Wozzeck, être un soldat modèle, apprécie par ses supérieurs et par ses camarades, qui peut espérer faire carrière. Simple, mais droit et lucide, il comprend le mécanisme socio-économique sur lequel se fonde l'Etat militariste, il transcende le cas individuel; aussi la pièce ne fait pas appel à la pitié, mais à l'esprit critique. "On voit surgir un homme qui n'existait pas sur terre auparavant". Mais comme tous les "hommes nouveaux" de Kaiser après 1920, il échouera: le monde ne peut plus être sauvé.
Dans une lettre du 21 mars 1940 à Cäsar v. Arx, Kaiser déclarait: "Je n'ai pas encore oublié le soldat Tanaka; pourtant, j'oublie d'habitude très vite."