Regard du traducteur
Le visiteur est une pièce qui traite, cette fois-ci, d'un drame domestique intime, familier et en même temps universel : l'infidélité, la trahison et du point de vue psychanalytique, une forme d'inceste amoureux. La tension dramatique est soulevée par le soupçon soutenu tout au long du récit, du véritable bonheur du personnage de Anne, en contradiction avec l'immense frustration de sa fille Marie.
Le non-dit exprimé par l'arrivée du Bossu est dissous dans l'échange entre les regards croisés de l'Homme et de sa belle-mère (Anne). Or Le Bossu, dans la pièce, se nomme aussi Demi-Vérité. Qu'est-ce qu'une demi-vérité sinon un soupçon prolongé. Le doute s'installe alors et dans cet univers peu logique, le lecteur peut imaginer toute sorte de dénouements car l'auteur fait entrer en scène un étranger, un bossu, rencontré dans la rue (on est loin du prince charmant !). Le Bossu, néanmoins, est fin d'esprit et délicat, tout le contraire de l'Homme, le personnage sans nom, l'époux de Marie. L'Homme, prénom ainsi choisi, signifie l'homme tout court.
Marie a tout pour envier sa mère, Anne, celle qui a pu enfanter et qui, belle et heureuse, attend un heureux événement. Anne a déjà perdu un enfant du nom de Marie et pour elle le prénom Marie aurait pu être celui de tous ses enfants. De sorte que rien ne nous empêche de songer à Marie, mère de Jésus, fille de Anne, ou en tout cas de faire le parallèle avec le récit biblique car nous trouvons dans le texte les mots suivants : chérubin, miracle, démon, pardon.
La pièce Le visiteur possède aussi la particularité d'avoir été conçue avec des répliques en rimes