Bien qu'écrite sur le modèle du le "vaudeville à la française", l'intrigue n'est pas centrée sur des histoires d'amour et de jalousie, mais sur le sujet de prédilection de Nestroy: l'arrivisme et la cupidité. Dans un monde où la spéculation est reine, les fortunes se font et se défont du jour au lendemain, donnant le pouvoir du maître à l'ancien valet. Mais c'est bien encore la naissance qui définit l'ordre social. Le valet, même devenu riche, reste le valet. Les affaires du passé font le portrait d'une société mise en désordre par le libéralisme triomphant.
Cette pièce, comme L'horrible festin, est l'aboutissement du théâtre populaire viennois d'une part et l'ouverture vers le théâtre moderne d'autre part. Nestroy n'est pas un auteur populaire au sens folklorique du terme. En lui se côtoient l'homme du peuple et le philosophe, le jouisseur et le pessimiste. Son théâtre, c'est de la bouffonnerie avec profondeur. Ces œuvres montrent -comme nulle part ailleurs dans son œuvre avec autant de force- en quoi il a libéré la comédie de son langage de convention en créant une langue populaire qui est langue d'art. Il est l'inventeur de la satire sociale en Allemagne. Wedekind, Brecht, Horvàth, Valentin, Dürrenmatt, Frisch reconnaissent lui être directement redevables. Sous ses airs de comédie, Les affaires du passé font le portrait acide d'une société mise en désordre par le libéralisme triomphant. Où se confrontent l'ancien régime et l'ère industrielle. Les affaires du passé et L'horrible Festin sont les deux dernières pièces de Johann Nestroy. Ecrites après trois années de silence, elles tiennent dans son œuvre une place à part. Elles sont d'une densité extrême. Nestroy, avec un minimum de moyens, y donne un concentré de son art.