Résumé
Le vieux Si est veuf. Il vit avec ses cinq fils dans un appartement de 20 m2. L'aîné, C‚n, est coiffeur. Khiêm est égorgeur de cochons dans un abattoir. Il travaille dur et quand il rentre c'est pour se jeter sur son lit et s'endormir aussitôt. C'est celui qui gagne le mieux sa vie. Les autres le ménagent parce qu'ils ont tous besoin de son argent. Doai est chercheur en sciences sociales. C'est le plus cynique. Kham est étudiant en philosophie. Tôn, le dernier, est infirme et simple d'esprit. Leur vie est difficile. Lorsque le père tombe gravement malade, Doai propose un vote à main levée pour le laisser mourir "naturellement" afin d'économiser les frais d'un médecin. Or, voici que l'aîné se marie. Dans cet espace exigü s'ajoute la présence d'une jeune femme. Elle devient l'objet de convoitises de tous les mâles de la famille, y compris le vieux Si qui l'épie quand elle se douche. Lorsqu'elle mettra à la fin au monde un enfant, personne ne sait avec certitude qui en est le père. La pièce donne à voir quelques moments révélateurs de leur vie : le mariage de l'aîné, l'anniversaire de la mort de la mère, le décès du père, la naissance de l'enfant. Deux diables mènent le jeu. Ils montrent que les diables ne sont pas toujours ceux qu'on croit.
Regard du traducteur
A travers le drame à huis clos que vivent les sept membres de la famille Si, ce n'est pas seulement l'échec du père, pilier de la famille, mais également l'échec de tout un système, celui du régime politique vietnamien, qui nous est donné à voir. A l'instar du vieux Si, qui n'a plus aucune autorité sur ses enfants, le régime n'est plus soutenu par le peuple. C'est le constat d'une faillite générale : absence de moralité chez le chef de famille, absence de projet politique chez les dirigeants du pays, absence d'idéal chez les citoyens, absence de conscience chez les individus. C'est une société qui a perdu ses valeurs, en désarroi et qui ne vénère plus qu'un seul Dieu : l'argent.
Les membres de la famille Si - qui représentent à peu près toutes les couches sociales - se comportent les uns envers les autres avec une absolue cruauté. Doai, l'intellectuel, n'en est pas l'élément le moins immoral. Khiêm, qui doit subvenir à tous les besoins urgents et imprévus de la famille parce qu'il est le plus riche, est jalousé par ses frères et en même temps méprisé par eux parce qu'il n'est qu'un ouvrier. Tôn, le simple d'esprit, est la victime toute trouvée. Quant à la bru, Sinh, c'est une agnelle égarée parmi les loups.
A travers une série de scènes parfois drôles, souvent pathétiques, l'auteur illustre magistralement la tragédie d'une famille ainsi que celle d'un pays.