Mozart est mort. Son corps nu repose dans le salon frigorifié de la famille Weber, à Vienne. C’est le début d’une pièce avec musique jouée dans le théâtre du librettiste Schikaneder, interprète lui-même du rôle de la mère des quatre filles Weber. C’est la vie et le destin de ces femmes autour de Mozart – amoureux d’Aloisia, il finira par épouser Constance - qui s’éclaire en huit tableaux. Leurs angoisses, leurs souffrances, leurs rires et leurs amours offrent un aperçu assez cru de l’époque.
C’est en travaillant à un projet de film situé au XVIIIe siècle à Vienne que l’auteur tomba sur la famille Weber.
En 1778, à Mannheim, Mozart, âgé de 22 ans, fait la connaissance de cette famille composée du père Fridolin, musicien et copiste, de la mère Cécilia et des quatre filles Josépha, Aloisia, Constance et Sophie, toutes plus ou moins cantatrices. Le souci majeur de Cécilia est de marier ses filles à de bons partis. Mozart tombe amoureux d’Aloisia qui pourtant le rejette pour épouser un comédien célèbre à Vienne. Sous la pression de son père, Mozart passe quelque temps à Paris où le succès n’est pas au rendez-vous. De retour à Vienne, toujours amoureux d’Aloisia, il sous-loue une chambre chez la famille Weber, et Constance prend pitié de lui. Ils se marient et le talent de compositeur de Mozart éclate au grand jour. Les filles Weber se jalousent et rivalisent à créer les grands rôles des opéras de Mozart, enfin reconnu. La mère tire les ficelles et tente de bénéficier au maximum de la situation. Mozart s’épuise au travail, fait des enfants à Constance et des infidélités avec les cantatrices… À sa mort, il laisse des centaines de partitions inédites qui assureront la survie de la famille Weber.
Le cynisme, la brutalité des rapports sont criants de vérité, les gifles partent aussi facilement que les airs, sublimes, de Mozart. Lui, on ne le verra jamais au cours de la pièce, sauf sous forme de cadavre.. La mère est jouée par Schikaneder, le librettiste de la Flûte enchantée, donnant sur la scène de son « Freihaustheater » un spectacle au bénéfice de la famille de Mozart, juste après la mort de celui-ci.
L’humour massacrant de la pièce est soutenu par la musique des Tiger Lillies, groupe connu en France surtout par le spectacle « Shockheaded Peter ». Elle est associée ici à des morceaux choisis fort à propos dans les compositions de Mozart lui-même.
Le spectacle créé dans le cadre de l’Année Mozart en 2006, est actuellement repris triomphalement au Volksoper de Vienne.
À mon sens, la pièce en soi - hors musique - est si forte et prenante qu’elle devrait s’imposer sur les scènes françaises comme évocation et témoignage saisissants d’une époque pas si éloignée de nous…