I : Sonni et Sigi, couple de « bobos », se préparent pour la soirée en bavardant (mais sans se parler vraiment), ils ont invité Friedo et Frieda, frère et belle-sœur de Sigi, couple « prolo » dont Sonni parle avec un mépris incommensurable. Après le repas, les deux couples discutent ou, plutôt, monologuent : Sigi, directeur de labo de recherche, parle de chimie, Friedo, électricien, d'électricité, Frieda, femme au foyer et mère de cinq enfants et qui a commencé un cours d'histoire à l'université populaire, de Hitler et la deuxième guerre mondiale, et Sonni, qui gère une boutique chic en ville, de mode. Et pourtant, quelques jours plus tard, Sonni et Sigi commencent à réfléchir, presque malgré eux, à des stratégies pour se faire accepter par les villageois.
II : Après la crémaillière. Frieda et Friedo restent les derniers, ils se sentent désormais chez eux chez Sonni et Sigi, et se comportent en conséquence. Un an plus tard, Sonni n'en peut plus d'être d'envahie par tant de bonté matérielle de la part de sa belle-famille.
III : Quand Frieda vient pour la énième fois chez Sonni, sans sonner ou demander, pour lui dire à quel point elle apprécie sa conversation, tellement plus cultivée que les autres villageois, Sonni explose et la jette dehors.
IV : Quand les deux couples se retrouvent chez Sonni et Sigi pour une tentative de réconciliation, celle-ci devient une parodie du pacte de non-agression entre Staline et Hitler – avec les deux femmes dans les rôles des dictateurs, tandis que les hommes se réfugient dans des conversations superficielles sur leurs travaux respectifs – qui finit en déclaration de guerre.
V : La guerre est en cours, Sigi, sous l'influence des produits chimiques de son labo improvisé dans le garage, perd la tête, et Sonni , qui a vendu sa boutique pour faire la guerre à temps plein, lui conte l'avancée des hostilités et les victimes : pêle-mêle les vieux meubles, la voiture de Frieda et ses enfants, déchiquetés par Robert, le dogue.
Epilogue : La ligne de front passe entre les deux jardins, on se tire dessus, c'est la guerre totale. Sigi et Friedo meurent au combat, Sonni et Frieda se jurent d'aller jusqu'au bout – pendant que Frieda accouche de son sixième enfant.
Toute la pièce est très caricaturale : nous avons d'un côté le couple bobo, Sonni et Sigi, qui se donnent des airs d'intellos avec conscience politisée tout en exhibant une ignorance crasse de toutes les réalités littéraires, politiques et sociales (« Nous voulons un animal domestique et en même temps faire quelque chose pour l'humanité. Nous allons donc adopter un bâtard de Bosnie Herzegovine, parce qu'il y a la guerre là-bas et que les animaux domestiques sont les moins responsables de la misère et les premiers à en souffrir. » ; p. 12) et qui s'installe à la campagne tout en méprisant ses habitants – en premier lieu la belle-famille – et de l'autre côté le couple de petits bourgeois enrichis qui se conforme à la pression sociale du village et qui est la caricature du goût beauf.
La pièce joue sur les clichés, et quand cela devient du grand-guignol, quand la guerre est déclarée, ça devient assez drôle. Et on peut lire la pièce aussi comme une « pièce à clés » politique et historique, avec les deux femmes dans les rôles de l'Allemagne et de la Russie, et les hommes, avec leur politique d'autruche et/ou d'apaisement en tant que personnifications de la science aveugle ou de l'attitude de pays comme la Suisse ou le Danemark.
Il s’agissait dans la traduction de trouver des équivalences justes pour une langue familière qui joue avec les clichés de la pauvreté du vocabulaire et la répétition.