La jeune Liu Jinchan, issue d’une bonne famille, aime Yan Chasan, jeune lettré sans le sou, raison pour laquelle la famille s’oppose à leur union. Le jour de la fête des lanternes, la jeune fille est emportée loin de la ville et des siens par une violente tempête. Perdue, elle tombe sur le vaurien Li Bao qui tente de la violer. Devant sa résistance, il l’étrangle et s’enfuit. Yan Chasan est accusé du meurtre et condamné à mort. Sa mère va se plaindre de cette injustice au juge Baogong, lequel descend enquêter dans le monde des ténèbres. Mais le juge infernal auprès de qui est aussi venu se plaindre le fantôme de la jeune fille morte a falsifié le registre de la vie et de la mort pour protéger le véritable assassin, son neveu. Il envoie la jeune fille au fin fond des enfers subir mille supplices pour dissimuler son crime. Mais le petit démon You Liugui, allumeur de lanternes aux enfers, a tout vu, tout entendu. Grâce à son aide, le juge Baogong retrouve Liu Jinchan et découvre la falsification du Juge Infernal. Baogong peut alors faire œuvre de justice : ressusciter et exécuter le juge infernal corrompu, décapiter l’assassin Li Bao, rendre Liu Jinchan à la vie et innocenter Yan Chasan.
L’exécution du juge infernal est emblématique du répertoire des « pièces à fantômes judiciaires » chinoises. Mettant en scène la Terre et les Enfers, des vivants et des morts, des fantômes, des démons et des dieux, son intrigue entremêle plusieurs canevas. Histoire d’amour et de mort autant que de justice et de corruption, elle fait se rencontrer de manière unique le célèbre juge Baogong et le juge des Enfers. Truffée de rebondissements, L'Exécution du juge infernal est une pièce aussi fantastique que sociale, mettant en scène des personnages engagés et courageux qui refusent l’injustice même au delà de la mort.
Sous la forme d’un voyage merveilleux aux enfers, cette pièce parlait subtilement aux spectateurs chinois du XIXe puis du XXe siècle de leur vie et de leur société, dénonçant un système politique et social sclérosé ainsi que la corruption judiciaire et l'immunité des puissants. Certains éléments fantastiques et politiques de la pièce ont suscité après 1949 de nombreuses attaques de la censure et provoqué des interdictions répétées jusqu’à la fin des années 1980. Ils sont en général « nettoyés » des versions postérieures à la Révolution Culturelle.