Depuis quatre ans, Bruno écrit les dialogues d’une série télévisuelle, « Foyer des Pleurs», avec du succès mais sans passion. Comme le reste de sa vie, ou presque – son couple, avec Paule, depuis longtemps est réduit aux faire semblant, et même l’aventure avec son assistante Sybille n’est qu’une vague approche amoureuse. Son supérieur à la maison de production, il aimerait bien lui dire ce qu’il pense réellement, mais il n’ose pas, et les rêves de son fils de 8 ans, Zippo, il ne se doute guère de leur portée.
Paula attend à la maison pendant qu’il s’amuse avec Sybille à la foire. Elle attend Zippo, en fixant son sandwich au fromage intacte. Elle sait qu’il préfère les bretzels, quitte à lui piquer de la monnaie. Elle sait qu’il croit qu’elle ne s’en aperçoit pas. Comme Bruno. Mais c’est différent aujourd’hui, elle est inquiète, peut-être à cause d’une drôle d’info entendue à la radio. Si tu t’achètes des bretzels, tu vas voir ce que tu vas voir, voilà les dernières paroles qu’elle lui a dites. Comme si c’était un crime d’aimer les bretzels. Mélanie et Coco forment un couple de femmes, assez heureux même, jusqu’au jour où le souhait irrépressible de Coco d’avoir un enfant détruit leur relation. Lorsque Mélanie fuit le bonheur maternel futur, par inadvertance, elle écrase un enfant en voiture – Zippo, un bretzel à la main. Un coup du destin ?
La vie peut être belle comme au cinéma, mais la réalité bien souvent est bien plus triste que n’importe quelle série télévisuelle. On peut apprendre à gérer la perte et le deuil, ou non. Pour l’un, le bonheur est suspendu à une clef, l’autre part le chercher dans la forêt tropicale, un autre encore va trouver un nouveau départ dans sept caisses mal adressées. (Felix Bloch Erben, Berlin)
A plusieurs strates, triste et poétique, et en même temps toujours un peu drôle… Un théâtre singulier dans le paysage dramaturgique allemand, qui s’impose grâce à son étrangeté et sa langue extrêmement travaillée.