Mundo est sous sa couverture et ne veut pas sortir de là. Ce n’est pas grave, Sol et Capitaine Couteaux se glissent dessous pour aider Mundo à raconter son histoire. Au fur et à mesure que le récit se déploie, les personnages vivent des aventures sous cette couverture qui accueille de vastes paysages ainsi qu’une foule de personnages dont un dinosaure du Crétacé ou une femme qui passait par là. Avec tout ce monde sous la couverture, il commence à faire bien chaud et nos trois personnages doivent trouver rapidement des solutions face au manque d’espace mais aussi au manque de nourriture. Sol profite que Mundo et Capitaine Couteaux soient partis à la recherche de plus de couvertures pour prendre les choses en main et mettre tout le monde dehors. Le calme se fait mais devient pesant. Mundo décide alors de sortir de là-dessous avec l’aide du Capitaine Couteaux pour raconter son histoire. Une fois dehors, nous découvrons en même temps que Mundo qu’il y a d’autres couvertures identiques à la sienne réparties sur une grande étendue pleine de poussière. Tous fuient une guerre. Alors écoutons l’histoire de Mundo.
Rocío Bello et Javier Hernando Herráez adoptent un personnage du théâtre baroque mondialement connu pour le plonger dans une cosmogonie en sept jours prenant pour décor une couverture elle-même située au milieu d’un camp couvert de poussière, mais ça, on ne le saura qu’à la fin, une fois que le voile (ou la couverture) sera déchiré et révèlera ce que cette fable à destination d’un jeune public couvait derrière les images en apparence enfantines d’une collection de minéraux, l’amour pour les flans maternels, les pains au lait trop vite mangés…
Rocío Bello et Javier Hernando écrivent ici une pièce pleine de délicatesse et de poésie pour parler d’une problématique bien actuelle, celle des enfants dans les camps de réfugiés, qu’ils dotent des apparences de la fable. La fable est si bien réussie que c’est le personnage lui-même qui doit prendre la décision de la briser en deux pour que l’on puisse voir réellement ce qu’elle occulte.
Le thème d’actualité trouve ici son extension universelle dans son jumelage avec un personnage appartenant à la littérature mondiale — Mundo constituant un alter ego de Sigismundo, le prince maudit de La vie est un songe, de Calderón de la Barca — mais également dans sa forme, celle de la cosmogonie, peut-être l’une des formes les plus liminaires de l’histoire de l’Humanité. L’histoire de ce jeune garçon revêt le costume des grandes histoires.
Mundo nous donne l’occasion de recourir à l’imagination pour parler de thèmes graves en voyant se côtoyer tous les personnages possibles, d’un mouton de poussière à un dinosaure du Crétacé, dans un espace et un temps indéfinis (un monde avant le monde ?), où le passage du temps et les distances sont aussi élastiques que les désirs, tout y est possible et en même temps limité, comme sous une cabane faite de couvertures et de draps dans une chambre d’enfant ou au milieu d’un camp.