Résumé
Une poignée d'alcooliques sans-abri ont élu domicile dans une gare déserte, où ils refont le monde et les horaires des trains. Un seul but motive leur existence : dévaliser les passagers des chemins de fer pour pouvoir s'offrir une nouvelle escapade éthylique. Mais les trains passent à toute allure sans jamais faire halte dans cette gare désaffectée. Apparaît un voyageur mystérieux. Il est illusionniste et maître de l'impossible. Ils admirent tous la posture énigmatique de l'étranger, qui se ravit de l'engouement d'un nouveau public. Ensemble, ils cherchent à jouir du seul privilège de leur faiblesse, l'illusion. L'univers se transforme en un tour de magie gigantesque, où chacun tente de réparer un peu les dég‚ts d'ici-bas. Quand le réel s'empare à nouveau d'eux, il fait déjà jour.
Regard du traducteur
Hristo Boytchev a écrit Orchestre Titanic en automne 1999, quelques années après Le colonel-oiseau. Ces deux pièces, proches à beaucoup d'égards, marquent un tournant dans son écriture. Contrairement à ses œuvres antérieures -écrites avant 1989- ici, il n'est plus question d'enfermement et de volonté d'ouverture. La liberté n'est plus un privilège inaccessible, ni un idéal à convoiter. Mais là où la fermeture n'est plus, le rapport à la liberté s'avère peut-être encore plus problématique qu'avant. Ses personnages sont désormais maîtres de leur destin ; en tout cas, un choix est possible, qu'ils redoutent et ajournent. Quelles sont donc ces nouvelles frontières, plus infranchissables et plus terrifiantes encore, puisque invisibles ?