Un homme se présente dans une modeste habitation de banlieue. Il s'agit d'un hongrois qui revient au pays après 40 ans d'exil aux Etats-Unis, pour remercier celui qui lui a sauvé la vie en lui permettant d'émigrer en 1956. Mais le bienfaiteur, resté communiste, n'a que faire des remerciements.
Le Visiteur est figé dans une idée de gratitude aveugle, le Vieux arrêté à l'‚ge stalinien du communisme. L'Epouse n'a aucune notion du monde extérieur. Elle paraît vivre par la répétition de gestes, de paroles. Il semble qu'elle ne pourra s'adapter au capitalisme naissant bien qu'il suscite chez elle un enthousiasme nerveux.
Les personnages n'ont rien en commun, si ce n'est un esprit délocalisé dans le passé, l'habitude, le nulle part, ou l'illusion. La pièce est tendue par une question : le Vieux reconnaîtra-t-il qu'il a sauvé la vie du Visiteur quarante ans auparavant ?... Après la chute du communisme, il y a la chute de l'après-communisme. C'est sans doute là le sujet de cette pièce. Noire.