[extrait]
8. (DUEL RICHARD/ANNE ET CAPITULATION D’ANNE)
ANNE : Vos paroles sont d’un amant Mais vos doigts d’un boucher.
RICHARD : Je suis seulement en quête d’un cœur, Madame.
ANNE : Vous voulez dire : un trophée.
Vous l’avez arraché de la poitrine de mon époux.
Un pied sur son visage, un bras en l’air, Riant de toutes vos dents. Comme un boucher.
Couronné d’un essaim de mouches.
RICHARD : Vous êtes trop souvent entourée de bêtes, Madame.
Elles ont affecté votre langage et votre jugement. Votre époux est déjà délivré de leurs mensonges et de leurs meuglements. Il se trouve en meilleure compagnie à présent – là-haut.
ANNE : C’est plus que l’on ne pourra jamais dire de vous. Un assassin est toujours seul en compagnie de son crime.
RICHARD : Vous avez raison. Vous êtes mon crime parfait. Je serais capable de tout Pour voir, rien qu’une fois, l’éclair fugace de votre sourire.
ANNE : Le seul éclair que je vous souhaite, qu’il sorte d’un canon de fusil.
RICHARD PREND LA MAIN D’ANNE ET LA POSE SUR SON CŒUR. RELÈVE SA MAIN DROITE, QUI PORTE LE PISTOLET, EN DIRECTION DE SON CŒUR.
RICHARD : C’était la guerre, Madame. Je n’étais qu’un bras
Qui obéissait au cerveau du souverain.
ANNE : Vous avez tué mon époux.
RICHARD : C’était une nuit de chaos.
Des ordres contradictoires. Le hurlement des mortiers.
Impossible de savoir qui nous touchions ou inversement.
Nos poings ont abandonné les baïonnettes.
Une lutte corps à corps.
La colline telle un nid de guêpes brûlant.
À l’aube, enfoncés jusqu’aux genoux dans la boue rouge,
Nous avons proposé un cessez-le-feu.
Ma parole d’honneur. Il n’y eut pas de réponse.
Qu’aurais-je pu faire pour empêcher
Les avions de plonger des nuages ?
Ensuite, les bulldozers ont tout rasé.
C’est sa dentition qui a permis d’identifier votre époux.
Ai-je tué votre époux ?
Peut-être n’étais-je qu’un instrument du roi.
Mais j’étais avant tout au service d’un but supérieur.
Votre beauté m’accompagnait chaque instant, un rêve
Dans un monde sans rêves. Cependant, si vous décidez
Que cela doit prendre fin…
ANNE : Je crois l’avoir déjà dit.
RICHARD : Vous étiez aveuglée par la fureur.
Je veux qu’ici et maintenant vous le répétiez :
Prenez-vous, Anne de Warwick, cet homme,
Richard de Gloucester, pour légitime
esclave de votre vengeance ?
LA MAIN IMPUISSANTE D’ANNE
RICHARD PREND LE PISTOLET DE SA MAIN ET LE POINTE ENTRE SES YEUX […]