Dans T5 (le Terminal 5 de l’aéroport d’Heathrow) une femme au foyer, la trentaine, londonienne, issue de la upper middle class, s’apprête à passer une journée comme tant d’autres, ponctuée d’occupations ordinaires : faire les courses, passer chez le vétérinaire pour les chats, trouver une maison pour les prochaines vacances, chercher sa fille à la sortie de l’école.
Mais, obsédée par l’image d’une agression dont elle a récemment été le témoin passif (un jeune garçon de 16 ans a été violemment tabassé par 3 autres adolescents, tout près de chez elle), sa vie bascule soudain. Comme si cet épisode était venu fissurer ses tranquilles certitudes, agissant comme un catalyseur et un révélateur de ses blessures, de ses carences (elle prend notamment conscience que son mari la trompe, elle s’interroge sur le devenir de sa fille, sur l’amour qu’elle lui porte…).
Mue par une force qui la dépasse, au lieu de suivre le chemin balisé de son quotidien, cette femme prend le métro, direction T5. Et pour la première fois de sa vie peut-être prend conscience des lieux (omniprésence de Londres, comme souvent chez Stephens) et des gens qui l’entourent.
Une fois arrivée dans le hall de l’aéroport, elle a l’impression (ou est-ce réel ?) de décoller du sol. Tout en observant le monde de l’aéroport qui se déploie à ses pieds (le check-in, les portiques, les voyageurs, les bagagistes…), elle monte, monte, monte… et ne sait pas comment redescendre.