Ce texte se penche sur une démarche documentaire, démarche de plus en plus répandue parmi les créateurs syriens face aux évènements, mais son intérêt dépasse de loin l’aspect documentaire. Dans son envie de témoigner, Noura est confrontée à une dissymétrie d’expérience ; elle ne peut que transmettre ce que d’autres ont vécu. C’est seulement une fois arrêtée elle aussi qu’elle pourra affirmer à son frère qu’il est impossible pour un peuple de revenir en arrière. Au fil des entretiens, les ex-détenus déplient leur besoin de témoigner en même temps qu’ils interrogent le bénéfice qu’ils tirent de ces récits, parfois douloureux. La force cathartique du théâtre fait ici levier et donne à ce texte une dimension particulière : le récit, la mise en doute des propos, la répétition et la réinvention du récit sont autant de moyens qui permettent de mettre à distance l’expérience traumatique. Le théâtre est ici espace de liberté mais aussi de libération.