Résumé
Quelque part en Asie, dans un pays en voie de développement, au lendemain du coup d'état qui a permis au Parti révolutionnaire "Bonté-Intégrité-Sincérité" de prendre le pouvoir. Les membres du Parti sont au nombre de 5. Ils n'ont pas de nom mais des numéros. Le pouvoir est entre les mains de Mr. n° 1, le Guide suprême qui déclare : "Nous fonctionnerons sur le modèle politique classique mais en plus créatif, avec un zeste d'influence occidentale. Ce sera la rencontre entre l'Orient et l'Occident, l'alliance entre l'Ancien et le Nouveau." Tant mieux si personne n'y comprend rien car le but du gouvernement est de tout mettre en œuvre pour semer le doute et la confusion dans les esprits. 15 ans passent, Mr. n° 1 meurt et est remplacé par Mr. n° 2 qui, quinze ans plus tard, meurt d'une crise cardiaque et est remplacé par Mr. n° 3 qui propose une ère de paix et d'ouverture. Tout est mis en œuvre pour, dès l'enfance, supprimer la personne, afin d'obtenir un être nouveau, un être absolument creux, qui ne pense rien, n'éprouve rien, ne revendique rien, un être "paralysé sur toute la ligne".
Regard du traducteur
Malgré son caractère comique et parfois burlesque, Le doux murmure d'une petite source est sans doute la pièce la plus désespérée de Nguyên Huy Thiêp. Ce qu'il donne à voir, c'est l'entreprise de dépersonnalisation de l'homme, non seulement par un Etat totalitaire mais aussi par les exigences de l'économie de marché et de l'argent. Mais Thiêp n'a pas une conception manichéenne pour autant. Ses personnages sont capables aussi bien de bassesses que de sentiments élevés. Ce qu'ils pensent de la société, du pouvoir, de la vie, ce qu'ils révèlent d'eux-mêmes est, certes, cynique et cruel mais toujours sincère. Et bien qu'il s'agisse de la situation politique du Vietnam, bien que ses personnages soient aisément reconnaissables (Hô Chi Minh dans le personnage Mr. n° 1) ils sont assez universels pour dépasser largement ce cadre.