Sophia de Mello Breyner Andresen (1919-2004) est née à Porto dans une famille aristocratique, d’ascendance danoise par son père et autrichienne par sa mère. Elle suit des études de lettres classiques à la faculté de lettres de Lisbonne, collabore à plusieurs revues poétiques et publie son premier recueil intitulé Poesia en 1944. C’est la première pierre d’une œuvre considérable qui compte une trentaine de recueils et qui a été couronnée par de nombreuses récompenses dont le Prix Camões en 1999. Ce prix, la plus haute distinction attribuée à une personnalité de langue portugaise était, alors, décernée à une femme pour la première fois.
Son œuvre poétique est concrète, sensuelle et métaphysique. Elle se distingue par une langue limpide et concise qui convoque les éléments naturels et les sensations pour saisir le réel et dire la grandeur de l’être humain, son inextinguible soif d’idéal et de beauté. Son univers tient des grands récits mythologiques grecs, des contes merveilleux et de la sensibilité romantique.
Au Portugal, Sophia de Mello Breyner est également connue du grand public pour ses contes et ses nouvelles. Elle y raconte des histoires souvent énigmatiques, simples et profondes, qui, à l’instar de ses poèmes, évoquent l’unité du monde et la destruction de celle-ci, les questionnements, la souffrance et la nostalgie qu’elle engendre.
Une partie de son œuvre, traduite notamment par Joachim Vital, Alice Caffarel et Claire Cayron, a été publiée aux éditions de La Différence dans les années 1980 et 1990 : les recueils de poèmes Méditerranée, Navigations et Malgré les ruines et la mort, les recueils de nouvelles tels que Contes exemplaires et Histoires de la terre et de la mer ou encore des ouvrages destinés à la jeunesse parmi lesquels La Petite Fille de la mer.
Deux ouvrages viennent de paraître en français : Il était une fois une plage atlantique récit traduit par Colette Lambrichs (éditions du Canoë, 2021) et le recueil poétique Dans la nudité de la vie traduit par Michel Chandeigne (éditions Chandeigne, 2022).
Sophia de Mello Breyner a également écrit des essais (La Poésie de Cécília Meireles, Le Nu dans l’Antiquité classique) et elle a traduit des chefs-d’œuvre de la littérature mondiale : Le Purgatoire de Dante et, pour le théâtre, L’Annonce faite à Marie de Paul Claudel, Beaucoup de bruit pour rien et Hamlet de Shakespeare ainsi que Médée d’Euripide.
Ses pièces de théâtre, O Bojador (Le Caboteur, 2000) et O Colar (Le Collier, 2001) sont parues aux éditions Caminho comme la majeure partie de son œuvre dont les droits ont depuis été rachetés par Assírio & Alvim.
Sophia de Mello Breyner est un personnage infiniment respecté au Portugal, tant pour son œuvre littéraire que pour son engagement politique. Pendant la dictature, elle a fondé le comité de soutien aux prisonniers politiques. En 1975, un an après la révolution des Œillets, elle est élue députée socialiste. Tout au long de sa vie, elle aura défendu la démocratie et des valeurs morales, sans jamais renoncer à ses idéaux : le courage, la beauté et la justice.