À propos de Mario de Carvalho
Mário de Carvalho, né en 1944, s’est d’abord fait connaître par des contes et nouvelles remarquables, qui vont du fantastique au quotidien saugrenu (deux d’entre elles ont été traduites à la NRF, une autre chez Métailié). Sont à mettre à son actif d’autres récits brefs comme L’invraisemblable guerre de l’avenue Gago Coutinho (à paraître) qui voit la muse Clio manier de travers son sablier, provoquant un joyeux capharnaüm à Lisbonne entre Bédouins du Moyen Âge et automobilistes dépassés, ou encore des réécritures de textes traditionnels (Conde Jano, Le comte Jano, et Quatrocentos mil sestércios, Quatre cent mille sesterces) ou des tentatives de formes ultra-brèves (Fabulário, Fablier). De cet ensemble se détache Les sous-lieutenants (Gallimard, 1996) recueil de trois nouvelles traitant des guerres coloniales portugaises dans une Afrique inventée puisque l’auteur a réussi à fuir les prisons salazaristes et à s’exiler en France, puis en Suède. L’une de ces nouvelles, « Il était une fois un sous-lieutenant », a été adaptée au théâtre par Mme Odile Ehret, et mise en scène en 2007 par Mme Jacqueline Ordas et le Théâtre du Matin sous le titre « Le sous-lieutenant ».
Dans les quatre romans que Mário de Carvalho a publiés s’exprime aussi son extraordinaire variété, soit qu’il feigne de s’interroger sur le passé de son pays pour camper d’inoubliables personnages (le comte de Le jeune homme, la forteresse et la mort - Gallimard, 1992 -, le duumvir Lucius dans Un Dieu dans le souffle du jour - Christian Bourgois, 2002 -), soit qu’il se livre à une satire féroce et hilarante de notre temps, celle des médias et du Parti communiste (auquel il a appartenu très longtemps) dans Le Fond des choses (Gallimard, 1999) celle d’un Portugal post-25 avril problématique dans Fantaisie pour deux colonels et une piscine (à paraître chez Christian Bourgois).
Il rédige régulièrement des chroniques pour les journaux, écrit des scénarios de films, donne des cours de formation pour jeunes auteurs, etc.
Son théâtre connaît deux phases, avec, d’une part une trilogie intitulée « Théâtre du Quotidien » (Le Sens de l’Épopée, La Rencontre Manquée et La Varsovienne), et d’autre part deux pièces qui frisent l’absurde et jouent sur le baroque, Si on me demande, je ne suis pas là, et Vive l’harmonie. Cette dernière a été créée par Mme Jacqueline Ordas et le Théâtre du Matin, puis représentée par Mme Catherine-Claudie Landy et le Théâtre Horizon de La Rochelle.
Deux des trois pièces du « Théâtre du Quotidien » ont déjà été traduites et jouées par Mme Jacqueline Ordas et le Théâtre du Matin, Le Sens de l’Épopée et La Rencontre Manquée. La première évoque à travers deux femmes à la quarantaine le désenchantement de la génération qui a lutté contre Salazar, les séquelles laissées par les guerres coloniales, les conflits larvés qui s’expriment avec le temps. La deuxième vise cette même classe d’âge, ses difficultés relationnelles et affectives, dans un huis clos qui voit s’affronter deux anciens amants dont l’orgueil empêche toute réconciliation.