Dans un parc public d’une grande ville (Istanbul ?), les jeunes hommes se prostituent. Par choix ou obligation : peu importe la raison. Au même endroit, se dessine une vraie fausse histoire d’amour entre la jeune Simay et Adnan, le prostitué. Leur bonheur dure un moment ou une éternité : peu importe le temps. Presque tous les personnages de cette pièce meurent, puis ressuscitent. Parce que peu importe la vie et parce que peu importe la mort. Parce que ça leur est égal.
Comme la plupart des pièces d’Özen Yula, celle-ci s’inspire d’une nouvelle qu’il a déjà écrite et publiée : Les Derniers Beaux Temps. Dans cette nouvelle, Yula met en scène « des perdants » de la vie urbaine : des enfants drogués, une prostituée, des jeunes amoureux qui se cachent pour ne pas être tabassés… Alors que tous ces personnages se réunissent dans un parc public, un tremblement de terre a lieu. La seule vraie victime est peut-être le fils de la prostituée parce qu’il meurt en tombant dans le puits. Par ailleurs le cas des autres résonne comme une métaphore de la mort : leurs apparitions et leurs disparitions ne tiennent qu’à un moment – là, le temps d’un séisme.
C’est ce même environnement (le parc public) avec toujours ses perdants que décrit Yula dans À louer. La mort y est omniprésente : il est question non seulement de la mort matérielle mais aussi celle des âmes.
Du point de vue de l’écriture, À louer a une place particulière dans l’œuvre de Yula. Elle se trouve aux croisements des formes et des recherches d’écriture de l’auteur. Entre les scènes qui s’enchaînent comme celles d’un soap-opera et un discours presque métaphysique qui apparaît au fur et à mesure, la pièce est porteuse de cette recherche d’écriture.
Contrairement aux autres pièces de l’auteur, celle-ci n’a encore jamais été mise en scène en Turquie. Outre sa mise en lecture à la Chartreuse (juillet 2007), une mise en lecture a été réalisée pour la première fois à la Schaubühne am Lehniner Platz à Berlin en mars 2006, et une mise en scène italienne a eu lieu au festival de théâtre ASTI en juillet 2007 en Italie.