Le critique de théâtre, nommé Liefhebber (Amateur) – c’est le vrai nom d’un critique néerlandais (!) - rentre chez lui après un énième mauvais spectacle. Il est fermement décidé : jamais plus il n’ira au théâtre. Il ne veut plus écrire de critiques. Plus d’Ibsen, ni de Brecht ou de Shakespeare… Il préfèrerait aller en Chine, au Chili, à Bali, en Mongolie, ou avoir le cancer, quitte à mourir… Mais plus jamais de représentation théâtrale, puisque le théâtre n’a plus aucun lien avec la réalité. Le drame est partout, sauf au théâtre. Dans une canonnade de jurons Liefhebber crache son dégoût du théâtre qui se regarde le nombril. Liefhebber se considère socialement engagé, parfois lyrique, et le théâtre le laisse indifférent. Sa femme et son fils Peter essaient en vain d’attirer son attention, mais Liefhebber s’accroche à sa réalité composée de coupures de journaux, flashes radiophoniques et télévisuels. Pourtant le drame familial se déroule sous ses yeux. Son fils Peter boit l’eau du vase, mange les fleurs. Puis il s’administre un shoot d’héroïne, explose la télévision, baise sa mère et l’étrangle. Il se suicidera en s’étouffant avec les feuilles du cahier de son père. Liefhebber reste immuable.

Portrait intime, désespéré et honnête, de l’érosion d’un homme, due aux fréquentations trop régulières du milieu du spectacle. Il s’agit peut-être de l’autodérision de Gerardjan Rijnders, mais toujours avec une dose de poésie nécessaire pour élever le propos vers une dimension mythique moderne. Amateur est une pièce unique en son genre et typiquement néerlandaise dans sa forme iconoclaste.