Le mariage de l'actuel et de l'universel, du social et du poétique, donne à Antigone à New York une complexité rare qui rappelle les grands textes tragiques :
Au premier abord, elle apparaît comme une défense virulente des oubliés et des déçus de notre monde de plus en plus nombreux dans les rues et les parcs. Ponctuée des commentaires goguenards du sergent Jim Murphy, elle met en scène avec réalisme les efforts de trois miséreux pour enterrer l'un des leurs.
Mais la valeur de la pièce ne se réduit cependant pas à son discours social. L'œuvre de Glowacki tire du prétexte de cette mésaventure la matière d'une description plus universelle.
Comparable à la pièce de Beckett En attendant Godot, où l'on perd l'espoir que Godot vienne jamais, Antigone à New York décrit les amitiés, les haines, les illusions et les désespoirs de trois êtres "condamnés" à partager le même banc -devenu pour eux tout un monde.
Les quatre personnages qui se croisent, se déchirent et se réconcilient tout au long de la pièce paraissent à la fois très proches de nous et d'une dimension archétypale. Ils ont le caractère des héros anciens.
A la manière des textes traitant de nos mythes domestiques, la richesse de l'œuvre de Glowacki naît du voisinage de l'humour et du tragique, de la violence et de la tendresse, du réel et de l'absurde.