Pièce en un acte, variation libre sur les Revenants d’Ibsen, et sur deux des principaux personnages de la pièce, le pasteur Manders et Mme Alving. Ce n’est ni un prologue ni une suite à la pièce, mais une sorte d’introduction métathéâtrale au mythe ibsenien, sur un mode qui fait aussi penser à Pirandello, dans le traitement du personnage, comme rôle de l’acteur qui le joue.
Extrait d’un commentaire d’Aphrodite Sivetidou, dans le tome 6 des œuvres complètes de Cambanellis, Editions Kedros, 1998 :
« Dans Au pays d’Ibsen, Cambanellis entreprend l’étude des caractères principaux des Revenants, sous une forme théâtrale particulière. Parce que, comme il en convient lui-même, « Avec les Revenants, j’ai beaucoup souffert, spécialement avec Manders et Mme Alving ». Les personnages du Pays ne sont pas nés tels quels dans l’imagination de l’écrivain. Il les a rencontrés vivants avec leurs souffrances et leurs aventures, déjà intégrés dans le monde de l’art. Leur drame le torturait cependant à un tel point que, au lieu de s’en écarter, il a essayé de progresser dans leur reconnaissance artistique. Pour soutenir sa problématique, le dramaturge imagine les moi de la jeunesse des personnages protagonistes – inexistants dans la pièce d’Ibsen -, les nomme, pour leur donner vie et les introduit dans des situations et des événements déduits des paroles des héros authentiques et concernant leur passé. Il s’agit d’une sorte d’anatomie des caractères ibséniens, lesquels vivent d’une manière paradoxale au-delà du monde où il les a créés. Ainsi l’écrivain pratique-t-il « un retour en arrière dans le pays inconnu d’Ibsen », qu’il traverse en imagination et transforme les souvenirs des personnages connus en présent vivant. Leur étrange parcours montre quelque analogie avec les six personnages qui cherchent un auteur dans la pièce de Pirandello ainsi intitulée. »