Au pont de Pope-Lick, dans une petite ville quelque part aux Etats-Unis, en 1936, la crise a laissé ses blessures, chômage, désoeuvrement, humiliation, et les jeunes sans espoir d’avenir (comme des patates enfermées dans une boîte, qui font des racines parce qu’elles croient être dans la terre mais dont les racines ne tètent qu’une poignée de rien) jouent à faire la course avec une locomotive. Mais la loco ne joue pas, elle, et Pace, après un autre, y laisse sa peau. Pace avant de mourir a transformé Dalton, Dalton Chance dans sa prison ne dit rien, son père chômeur n’ose plus sortir de peur de tout et fait des ombres chinoises sur les murs, son geôlier remplit sa propre existence à coup d’imitations animalières, et sa mère, les mains bleuies par les produits chimiques de l’usine, essaye malgré tout de construire un foyer, un présent et un avenir : mains bleues et idées rouges.
Ici encore, comme dans ses autres pièces, Naomi Wallace tisse avec maestria le poétique et le politique, nous fait penser sans nous infliger un débat d’idées, nous donne à voir l’humain dans toute sa force, sa fragilité, et l’unicité de chaque individu.