Écriture

  • Pays d'origine : Argentine
  • Titre original : B
  • Date d'écriture : 2015
  • Date de traduction : 2020

La pièce

  • Genre : Théâtre contemporain. Récit initiatique, road-movie poétique.
  • Nombre d'actes et de scènes : l’œuvre est divisée en neuf chapitres
  • Décors : à la discrétion du metteur en scène
  • Nombre de personnages :
    • 1 au total
    • 1 femme(s)
    • un personnage (monologue) ou huit personnages
  • Durée approximative : de 75 à 90 minutes environ
  • Création :
    • Période : 2017
    • Lieu : Théâtre Casa de la Paz, Université Autonome Métropolitaine, México
  • Domaine : protégé

Édition

  • Edité par : Espaces 34
  • Année de parution : 2022

Résumé

Une femme souhaite se rendre à A, elle arrive à B. Sur son chemin, on croise un homme à bicyclette, un réservoir d'eau où l’on nage en rond, des chiens qui aboient, des restes du dîner, une télévision. La route s’encombre de décisions hasardeuses qui l’orientent vers une voie sans issue, où s'entremêlent espace et pensée. Elle cherche à appréhender le monde environnant à travers les mots qui autour d'elle deviennent matériau. Tout est mouvement, tout n’est que présent.

Quelque part sur une route semblable du début à la fin. Je marche depuis des jours. Quand je suis partie, il faisait encore froid, et l’automne s’en allait. Maintenant les fleurs sont déjà revenues. (...) Autour de moi tout est vert ou asphalte. (...) Un homme arrive sur un vélo. Nous engageons une conversation. Je lui demande s’il sait où se trouve A, l’endroit où je veux aller. Il me dit que non, que je me dirige vers B, un lieu dont je n’ai jamais entendu parler.

Regard du traducteur

B est une des pièces qui composent le recueil Luces blancas intermitentes, trilogie sur la thématique du voyage dont la trame déroulée à travers les paysages génère une corrélation entre l'intériorité des personnages et l'environnement. L’œuvre se place à la croisée des genres poétique, narratif et dramatique.

Récit d'une transformation, road movie initiatique, la pièce met en exergue l'action du territoire sur l’intime, tout en en déclinant différentes thématiques liées aux univers découverts.

La fable est féministe : y contrastent le libre arbitre naïf de la protagoniste et le caractère prévisible et brutal des personnages masculins. Elle met en scène une humanité scrutée sans a priori, révélée dans ses paradoxes et sa diversité, aux divers âges de l'existence. Les rencontres sont l’occasion d’un partage des solitudes.

C'est également l'environnement des territoires traversés qui est décrit crûment, une nature terrestre qui séduit, impulse l'éclosion des personnages, mais aussi hostile et victime des transformations par l'Homme. Cette portée critique donne à l'œuvre une dimension politique et écologique. Regard critique que Giuliana Kiersz porte également sur les archétypes sociaux, l’impunité, la violence.

L’état d’instabilité intrinsèque, lié à la traversée du voyage demeure la thématique centrale, description de la construction de l’identité au regard de la non-permanence de l’existence, et son ancrage dans l’espace-temps. Le réalisme subjectif de l'écriture, sensorielle et affective, la précision du détail dans la description des sensations créent ce lien, sublimant la réalité la plus bénigne, les rencontres les plus fortuites.

Le dépouillement de l'écriture est renforcé par la neutralité du récit (absence d’identité de personnages, de lieux, de temps) : par-delà leur anonymat, leur caractère mystérieux, les personnages ne transparaissent qu’à travers leur action, les actes de vivre les plus épurés, les réactions, les rencontres dans l'instant.

Du lien intériorité-extériorité naît par ailleurs la tension narrative qui confère toute la dramaturgie au texte. La mise en mots et la mise en perspective des sensations nées de l’observation de l’environnement sont le fruit d’un monologue intérieur, nourri de l’interaction des émotions présentes et passées, des rêves et des cauchemars. Autre agent de la théâtralité, la pluralité des niveaux d'interprétation qui naît de l’instabilité et de l'incertitude, du mystère ambiant (fantastique et onirique) ; à la simplicité du style s’ajoute, en apparence, la simplicité de la trame narrative où se joue en réalité l’art de l’implicite, des ellipses troublantes, de l’étrangeté et des inconvenances.