Avec comme seul décor une table et trois chaises de plexiglas, Richard et Rita examinent leur relation ; faut-il rester ensemble ? La troisième chaise est pour Hue, une Vietnamienne qui s’exprime par des petites phrases en anglais : « Very beautiful! Very funny! » Hue incarne l’étrangère qui déploie la pensée de Rijnders : « Europe is dying » (L’Europe se meure). Rijnders a écrit Beau, Belle en partie au Vietnam où il s’étonnait à quel point l’homme occidental s’était détaché de la vraie vie. « Qu’est-ce qui est plus beau, une belle guerre ou une paix moche ? » Richard et Rita forment un couple qui a perdu le sens des valeurs sûres. Bien ou mal, droit ou gauche, homme ou femme – sont devenus des notions interchangeables. Beau, Belle est un enchaînement de mots et l’homme et la femme sont enchaînés à cette chaîne constituée de courtes répliques aiguisées, mélange de combativité et de renoncement.
Une poésie du quotidien, cette perception spécifique du regard de Gerardjan Rijnders donne profondeur et relief à ce couple qui se réunit et se déchire comme dans un rituel. Les interventions de Hue créent une distanciation intéressante dans un anglais international de communication qui ne communique pas forcément.