Un boui-boui familial perdu dans la campagne mexicaine. Noria et sa nièce Elia font face à la mort de Maria, respectivement leur sœur et mère. Maria a été assassinée et le coupable est introuvable.
Noria se débat, à sa façon rude et bourrue, dans un quotidien âpre, entre tentatives de faire sortir sa nièce du mutisme dans lequel elle s’est enfermée, et volonté de voir la justice rendue.
Elle tente par les moyens les plus désespérés de prouver ses soupçons - qui portent sur le compagnon de sa sœur - et lorsqu’un ornithologue doté de facultés extra-sensorielles se présente, elle le sollicite pour lire dans les pensées du suspect.
Vinzo l’ornithologue va, petit à petit, prendre part à la vie de ces deux femmes, devenant le confident de Noria, trouvant les mots pour adoucir la peine de l’adolescente.
Jusqu’au moment où l’oiseau à deux têtes qu’il a recueilli, porteur de visions prémonitoires, annonce un drame.
Avec un suspens qui tient du roman policier, Mariana Hartasánchez nous permet d’approcher des personnages complexes, particulièrement attachants dans leurs différences : rude, brusque, brutale même, Noria s’oppose avec violence à tout ce qui lui arrive ou s’approche d’elle. En face, « l’ornithologue timoré » est pétri d’une délicatesse qui lui vaut le mépris général.
Une pièce sur le féminicide qui prend les choses à rebours, qui nous montre une femme violente et un homme délicat, défaite de la complaisance et des présupposés moraux attendus sur ce genre de thématiques.
L’univers est à la fois poignant et caustique, pas tout à fait réaliste, comme une réalité dont on voudrait se réveiller. Peuplé de déjeuners aux œufs brouillés tels des viscères de chien écrasé, de glapissements prémonitoires d’un oiseau à deux têtes, de cauchemars racontés au téléphone par une vieille femme aux yeux greffés.
Et pourtant, avec ses morts inéluctables et ses destins brisés, c’est un dénouement bien réel qui nous laisse en proie à des sentiments contradictoires.
Mariana Hartasánchez ne brandit pas une cause, c’est à peine si elle questionne (l’origine de la violence), mais son étude fine nous met face à la nécessité de reconnaître les nuances.