Body Art est la première étape d’un processus de création dans l’œuvre de Newton Moreno. En utilisant la thématique du corps altéré par l’acte amoureux, il entend repousser les limites de la représentation théâtrale. Dans La Cicatrice est la Fleur, une tatoueuse et sa copine se préparent à une nouvelle séance de tatouage. En progressant dans ce rituel amoureux, chaque cicatrice et chaque tatouage deviennent des réminiscences des moments vécus pendant leur histoire d’amour. Dedans, relate une séance de fist- fucking. Pendant qu’il introduit sa main dans l’anus d’un partenaire, un homme raconte son histoire d’amour passée. C’est une prière, un appel à son amant perdu.
Le trait flagrant du style de Newton Moreno est sa liberté langagière associée à une rigueur stylistique. Il contourne les règles grammaticales en les réorganisant. Il invente ainsi un langage résolument contemporain. Barbarismes, synesthésies, métaphores, allitérations. Son écriture, très personnelle, allie concret et poésie. Les deux histoires dont Body Art est composé sont des allégories du sentiment amoureux. Dans l’univers de l’auteur, la dilacération des corps est un renouveau spirituel. Les personnages s’offrent à une constante manipulation de leur corps. Ce corps serait le livre ouvert de leurs pensées et de leurs ressentiments. Ce rituel impudique est un cycle sans fin, où la parole a une fonction cathartique. Chaque entaille faite au corps de l’autre amène une prise de parole libératoire. Cette parole restera gravée pour l’éternité. Les thèmes atypiques abordés dans cette œuvre repoussent les limites de la théâtralité. Tant par son style que par sa narration, Newton Moreno évite tout réalisme. Pour mette en scène Body Art Il s’agira donc de trouver et de renouveler les codes théâtraux.