Cygnes noirs

de Christina Kettering

Traduit de l'allemand par Charlotte Bomy

Avec le soutien de la MAV

Écriture

  • Pays d'origine : Allemagne
  • Titre original : Schwarze Schwäne
  • Date d'écriture : 2019
  • Date de traduction : 2021

La pièce

  • Genre : pièce dialoguée
  • Nombre d'actes et de scènes : 3 parties
  • Nombre de personnages :
    • 2 au total
    • 2 femme(s)
  • Durée approximative : 60 mn
  • Création :
    • Période : 2021
    • Lieu : Théâtre de Heilbronn
  • Domaine : protégé

Édition

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Résumé

Deux sœurs sont face à une décision difficile : doivent-elles ou non placer leur mère en maison de retraite ? Contre l’avis de l’aînée, la cadette décide de prendre soin de leur mère et de l’installer chez elle. Rapidement, elle se retrouve débordée par la situation.

Pour l’aider, l’aînée lui achète un robot d’apparence humaine, « Rosie », spécialement programmé pour s’occuper de leur mère. Les problèmes de la sœur cadette semblent résolus : elle a enfin du temps pour elle et l’état de leur mère s’améliore. Mais Rosie prend de plus en plus de place dans la vie familiale. Ce qui était d’abord perçu comme un soulagement se transforme peu à peu en menace. Jusqu’au dénouement tragique.

Regard du traducteur

Le texte de Christina Kettering aborde un sujet sensible et rare sur les plateaux de théâtre : le thème des parents qui vieillissent – et de la responsabilité des enfants qui en découle.

La pièce se construit au fil des dialogues et monologues de deux sœurs que tout semble opposer : la cadette, mère de famille bien rangée et l’aînée, célibataire extravertie. Confrontées à la vieillesse de leur mère, leurs échanges prennent une forme souvent plus narrative que dialogique pour explorer leur vécu et leur ressenti. Malgré une construction en apparence simple (3 parties : « Avant », « Maintenant », « Après »), des inserts poétiques et des allers et retours entre passé et présent travaillent le texte et lui donnent du relief.

Que ferons-nous de nos parents ? Le débat sur les maisons de retraites et sur les maltraitances est particulièrement d’actualité après un confinement. Il est ici traité avec finesse et même humour, à travers une écriture concise, allant à l’essentiel. L’autrice explore également les avantages et les limites de l’intelligence artificielle avec l’arrivée du robot humanoïde Rosie, chargé de s’occuper de la mère dont la santé physique et mentale s’est détériorée. Son apparition nous fait basculer dans une « demie science-fiction », la figure de l’androïde éveillant aussitôt des associations cinématographiques sur les relations entre humains et machines. Aujourd’hui, cette fiction n’est pourtant plus si lointaine : l’aide à la personne se robotise, de même que les « maisons intelligentes » ou smart home sont à la mode. La robotique au service des personnes âgées est déjà un marché face au vieillissement de la population en Europe.

La présence du robot interroge également le sens de la condition humaine : devant la perfection de Rosie, la cadette semble douter de son existence, confrontée à son humanité imparfaite. L’inquiétante étrangeté de Rosie est accentuée par le contrôle grandissant que celle-ci opère au sein du foyer – une prise de pouvoir qui va trop loin, dit la cadette. Rosie peut-elle apprendre à penser par elle-même ? Peut-elle agir moralement ? Qui est responsable lorsqu’un robot blesse ou tue un être humain ? Les notions de culpabilité et de responsabilité présupposent normalement une forme de conscience. À la fin de la pièce, Rosie tue sa patiente sans raison apparente et sans le moindre remords. S’agit-il d’un « cygne noir », c’est-à-dire d’un évènement extrêmement rare et imprévisible ?