Le lieu ? Une maison sur la colline, tout autour la plaine, un village où l’on ne va jamais, plus loin peut-être la mer. Dans la maison aux fenêtres clouées, elles sont quatre femmes, quatre Amarante, la mère, la fille, celle à naître et puis la morte. Une lignée, un collier de filles et de mères, des bavardes sans hommes, vouées à porter chacune les habits de la précédente, à endosser la vie de la précédente, à affronter la mort de la précédente, mais ensemble, et seules. Et puis il y a l’intrus, celui qui monte pour faire son travail d’homme, le marchand d’ordures, vieux habits, pauvres bâtons de rouge à lèvres. Il les fait rêver toutes et les prend, toutes, elles qui sont avatars de la même. Mais elles feront sans lui, lui ou son chien, le chien renifleur, accro, celui qui y revient toujours parce qu’il y a goûté, l’Adam de cette folle histoire des hommes et des femmes, le chien qui en mourra. Et sans la meute de chiens qui rôdent et qu’on tue, dont la chien-femelle nommé(e) Blanco, celui-celle-ci s’en sort. Une drôle d’histoire, dans un îlot d’interrogations et de solitude. Avec la mer, toujours loin, improbable et désirée.
La traductrice aurait bien aimé assister à la mise en espace prévue au Panta Théâtre à Caen. Hélas, ce ne fut pas possible. Mais cette pièce qui se présente elle-même comme « imprésentable » ou « irreprésentable » est une véritable mine d’énigmes et d’audaces de la part de sa jeune auteure. La prise en main par Taimi Diéguez Mallo de cette question, la succession des mères et des filles, et le rapport de celles-ci à l’homme vu comme géniteur remplaçable, et pourtant détenteur de tout pouvoir, est puissante.