Cette pièce sur la discrimination, souvent jouée à l’étranger (Londres, New-York, Thaïlande, Corée) a marqué la consécration internationale de Noda. Grand prix Asahi des Arts de la Scène 2004, elle reste à ce jour la pièce la plus emblématique de cet auteur, et la plus proche de l’univers du nô. En dépit de situations cruelles, voire révoltantes, on rit beaucoup dans ce spectacle qui, comme toutes les créations de Noda, répond à une chorégraphie très précise et dynamique, avec de nombreux changements de personnages sur scène, retours dans le passé, récit dans le récit, etc. Cette fable à l’humour noir et à l’atmosphère onirique, pleine de poésie, sur le thème de la différence, est un réquisitoire contre l’intolérance et le racisme. Noda dénonce l’égoïsme de nos sociétés et interroge la place de «l’étranger » parmi nous, sur un rythme, c’est le cas de le dire, «endiablé ». On songe aux « Sorcières de Salem » de Miller, notamment dans les scènes d’hystérie collective des villageois, ou lors du jugement de « Cette femme », seul personnage qui fait véritablement preuve d’humanité, les autres se comportant en véritables « démons ».