Paul est un jeune Écossais de seize ans qui entame sa dernière année de lycée, la dernière étape aussi avant la fin de l’enfance.
C’est apparemment un adolescent tout ce qu’il y a de plus normal, s’il n’était travaillé par l’idée que l’Homme n’est qu’un maillon dans la chaîne de l’évolution et qu’il porte en lui les traces de ses étapes antérieures.
Les bouleversements de l’adolescence se manifestent chez Paul par des sortes d’épiphanies : des moments où il se sent être un animal, chaque fois différent, chaque fois adapté à une situation difficile ou conflictuelle particulière, situations desquelles ces possessions transitoires lui permettent de se tirer quasi miraculeusement... au début.
Mais peu à peu les « crises de d’animalité » l’entraînent à des actes considérés par son l’entourage comme des dérapages, et finissent par être interprétées comme des symptômes de comportement asocial ou morbide…
L’assimilation de son « héritage » et de son apprentissage lui permettra de grandir sans renier sa richesse individuelle et poétique.
Se terminant sur une « envolée » promesse d’espoir, la pièce évoque en filigrane des notions plus primitives comme l’incarnation en animal des rites initiatiques, le passage à un nouvel état de connaissance et d’expérience, l’insertion dans la société des hommes.
Le titre original fait référence au héros de Kipling dans Le Livre de la Jungle.
Tout en empruntant à la forme du monologue, le récit in situ de Paul donne à entendre des voix multiples. C’est un flot de pensées impressionniste, une chronique des sensations, qui fait également vivre sous nos yeux une quinzaine d’autres personnages, dont Ken, le chien des voisins...
À travers le prisme de sa compréhension « zoomorphique » du monde, Paul nous fait appréhender son univers, l’école, les parents, ses amours, les troubles, les émois et les joies de ses seize ans.
Il dit son refus des codes du conformisme adolescent comme ceux du monde rationnel, utilitaire et sans poésie des adultes.
Il dit sa peur de ne pas être à la hauteur.
Son aspiration à autre chose...
À une vérité de nature ?
Pour paraphraser Victor Hugo, qui appelait l’adolescence « la plus délicate des transitions », Espèce d'animal nous fait assister avec humour et une empathie attendrie au « commencement d’un homme dans la fin d’un enfant ».
Espèce d'animal est adapté du roman américain de John LeVert, The Flight of the Cassowary.